Chili: la longue lutte des étudiants pour le droit à une éducation publique, gratuite et de qualité !

chili-manifestation-e-etudianteCette lutte a commencé en 2006 lors du premier mandat de Michelle Bachelet. Cette année -là, la jeunesse : lycéens puis étudiants remet en question tout le système éducatif toujours en place imposé par la dictature de Pinochet. Cette jeunesse qui n’a pas connu la dictature se fait appeler «les enfants de la démocratie ».

Il y a trois systèmes éducatifs au Chili: public à la charge des municipalités, privé mais avec des subventions de l’État et enfin privé .La conséquence en est une très grande inégalité pour l’accès des jeunes à l’éducation. De nombreuses manifestations et grèves se déroulent avec pour slogans :

-abrogation de la LOCE(loi constitutionnelle de l’éducation)

-gratuité et augmentation des transports scolaires,

-dé-municipalisation et retour à une gestion de l’État

-Gratuité de la PSU (épreuve payante de sélection universitaire).Un bac payant !

Le gouvernement Bachelet devant l’ampleur de la mobilisation appelle les étudiants à négocier et nomme un conseil avec des assesseurs étudiants. Le mouvement s’essouffle et décide d’arrêter les blocages. Il est divisé avec des portes paroles de grévistes nommés par Bachelet.

En 2007 le gouvernement décide de changer la LOCE en Loi organique générale de l’éducation (LOGE) qui ne change en rien l’inégalité qui existe dans l’éducation. Commence alors une longue période de marchandisation de l’Éducation, un désinvestissement total de l’État. C’est la promotion de la compétitivité du marché dans l’Éducation.

En 2010, la droite revenue au pouvoir accentue la privatisation de l’école. Commencent alors de grandes mobilisations et grèves notamment en 2011.L’Union des étudiants secondaires et universitaires (CONFECH)soutenue par les familles et la population mobilise fortement contre les accords pris par le gouvernement de droite sur les dos des étudiants, contre l’argent public donné aux grandes entreprises, ou encore contre le recours au crédit avec l’aval de l’État pour payer ses études, c’est à dire endetter encore plus les familles. Enfin les étudiants veulent l’arrêt des subventions publiques aux lycées et universités privés.

En 2014 commence le deuxième mandat de M. Bachelet du Parti socialiste et la Nueva Mayoria (PS, Démocratie chrétienne, PC) Pendant sa campagne, elle avait promis l’accès à l’Education gratuite pour tous, promesse électorale bien sûr. Elle dit maintenant qu’il faut tout faire pour la croissance du pays donc des réformes ! Alors en 2016 après une longue pause, les étudiants retournent dans la rue pour demander l’abrogation de la LOGE et défendre leurs revendications. Ils sont très fortement réprimés y compris par l’usage de la torture par les forces de l’ordre.  Les jeunes ont le soutien des travailleurs et une association de parents des élèves torturés (Padres mobilizados) s’est créée.

Cinq jours avant la discussion au parlement, les recteurs des universités eux aussi ont commencé à crier. Si la loi passe, ils perdront leurs statuts et deviendront des marchands : ils devront trouver des partenaires économiques, demander des crédits aux banques et tout cela avec l’aval de l’Etat. Les universités doivent être rentables ! 

Ce mardi 5 Juillet, au moment du vote au parlement de la loi sur l’Education qui deviendrait définitive si elle est votée et malgré la répression, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Santiago et d’autres villes.

Les étudiants se réorganisent pour récupérer ce que la dictature a volé et qu’aucun gouvernement ni de droite ni de gauche a eu la volonté de récupérer. Bien au contraire, ils ont accentué la marchandisation des services publics (santé, logement, fonds de pension…) Contre ce système capitaliste qui en demande toujours plus, les lycéens et étudiants chiliens ont eux aussi besoin d’une lutte organisée, structurée et en lien avec celle des travailleurs.

Diana