Brésil : un mouvement pour un nouveau parti des travailleurs est lancé !

Juste un an après, l’élection de Lula à la présidence et la mise en place d’un gouvernement autour du Parti des Travailleurs, la situation sociale se dégrade : record du niveau du chômage, baisse du pouvoir d’achat, réforme des retraites par les fonds de pension…etc.

Article paru dans l’Egalité n°106

Les attaques que la droite traditionnelle au pouvoir avait été incapable d’achever face aux mobilisations des travailleurs sont menées par le PT. Pour de nombreux travailleurs, paysans, militants de gauche, membres du PT ou non, syndicalistes, membres du mouvement des sans terre, la politique de Lula est dramatique et clairement pro-capitaliste ce qu’a confirmé l’exclusion des quatre parlementaires PT (trois députés et une sénatrice) qui ont voté contre la politique de la direction du PT au gouvernement.

Un pas décisif pour un nouveau parti des travailleurs

Le 19 janvier 2004, une réunion nationale a regroupé des représentants d’organisations très diverses de gauche, des dirigeants syndicaux, des membres de nombreuses forces socialistes et révolutionnaires -certaines extérieures au PT, d’autres traditionnellement à l’intérieur comme nos camarades de Socialismo Revolucionario, section brésilienne du CIO-, des intellectuels et les 4 parlementaires exclus du PT . Le « mouvement de gauche démocratique et socialiste pour un nouveau parti » a été ainsi lancé. L’ensemble des présents a réaffirmé la nécessité d’un parti indépendant des bourgeois pour soutenir et développer les luttes des travailleurs et des paysans. Pour cela, le combat pour une société de liberté et dé démocratie, pour le socialisme a été réaffirmé. Ces principes fondateurs permettent d’offrir une perspective sérieuse à tous les militants déboussolés du PT et à l’ensemble des travailleurs et de la population.

Le « Mouvement de gauche démocratique et socialiste pour un nouveau parti » engage maintenant sa construction. Le mouvement a décidé de se constituer en parti. Il s’adresse à tous ceux qui rejettent les politiques patronales et qui veulent défendre l’indépendance de la classe ouvrière. Le travail à l’intérieur du PT ne suffit plus et est bloqué. Les membres du PT peuvent donc être au Mouvement. Pour être officiel, le parti doit collecter 500 000 signatures de soutien et n’aura pas le temps pour se présenter aux prochaines élections. Sans attendre, une série de réunions à travers tous les états du Brésil, de grandes réunions des syndicalistes s’organisent. Dès à présent, le soutien et l’intensification des luttes contre les réformes antisociales sont les pierres angulaires de la bataille.

Aucun avenir dans le gouvernement de Lula !

Le « Mouvement de gauche démocratique et socialiste pour un nouveau parti » est lancé par de nombreuses forces socialistes et révolutionnaires dont Socialismo Revolucionario, certaines traditionnellement dans le PT, d’autres à l’extérieur. A l’extérieur du Mouvement, la tendance Démocratie Socialiste (DS) -section brésilienne du Secrétariat Unifié (LCR en France)-. est présente au gouvernement Lula avec Miguel Rosseto, ministre du développement agricole.

Malgré les exclusions dont celle d’Helena Heloisa, membre de DS et sénatrice du PT, exclue après avoir voté contre la réforme des retraites, la tendance Démocratie socialiste reste au gouvernement. Pourtant, des représentants directs des partis bourgeois viennent d’être intégrés au gouvernement. DS a dénoncé l’exclusion des parlementaires et autorise ceux-ci à rester membres même hors du PT mais ne soutient pas la création d’un nouveau parti. En restant au gouvernement et refusant d’engager la rupture politique avec la direction du PT, DS refuse de donner les moyens aux travailleurs du Brésil de réellement lutter contre les politiques de l’aile droite de la direction du PT et du gouvernement.

Pour nous, de telles expériences internationales doivent être débattues et discutées collectivement pour en tirer des leçons. Etre dans un gouvernement pro-capitaliste conduit à être prisonnier du système capitaliste. Trotsky expliquait d’ailleurs lors de la guerre civile espagnole (1936-1939) qu’une participation des marxistes au gouvernement du front populaire serait forcément utilisée par les capitalistes pour briser la classe ouvrière. La LCR, principale organisation du Secrétariat Unifié, n’a pas exprimé de critique de Démocratie Socialiste. Elle dit que c’est une « question brésilienne », ce qui est contradictoire avec une approche internationaliste.

Le lancement d’un nouveau parti est un pas en avant important pour la classe ouvrière au Brésil. Socialismo Revolucionario, la section brésilienne du CIO, joue un rôle significatif pour aider à établir le nouveau parti tout en se battant pour faire progresser son propre programme socialiste. Les pas faits au Brésil sont observés internationalement et posent concrètement la question de nouveaux partis des travailleurs ailleurs.

Par Orida et Leïla