Après l’Italie, la Grèce et l’Espagne, les luttes s’étendent en Europe !

Depuis un an et demi, la crise et le chômage ont entraîné le départ des gouvernements social-démocrates au profit de l’arrivée au pouvoir dans de nombreux pays d’Europe de gouvernements libéraux, voire de droite nationale, sur la base de politiques libérales, sécuritaires et racistes. Le choc des élections françaises d’avril 2002 soulignait ce phénomène politique.

Article paru dans l’Egalité n°99

Les politiques libérales capitalistes sont menées de manière plus directe dans un contexte de crise économique. La France et l’Allemagne jusqu’alors grands partisans des critères de convergence sont les deux pays les plus prédisposés à y déroger. Pourquoi cela ?

Certains éléments confirment les difficultés des patrons européens d’augmenter leurs profits. Pour ceci, ils ont plusieurs choix, attaquer les acquis salariés pour augmenter leurs marges ou s’appuyer sur l’Etat qui continue à être providence pour eux : indemnisations, allègement de charges, emplois précaires, flexibilité. Ils font les deux !

Le « cœur économique de l’Europe » se bat !

Ainsi, c’est en Allemagne que les éléments de crise économique sont les plus apparents : baisse de la consommation des « ménages », fermeture de sites, non-hausse des salaires lors des négociations patronat – Etat – syndicats ; et bien sûr dans la foulée : des licenciements !

Seulement les salariés ne répondent plus aussi docilement au second gouvernement Schröeder et au patronat.

Malgré les tentatives de certains dirigeants syndicaux de faire accepter le gel des salaires avec l’inflation, les salariés, à la base, votent et rejettent ces propositions. Trop de pilules ont déjà été avalées sur les retraites privées et les privatisations. Certains secteurs publics sont aujourd’hui en négociation sur les salaires mais aussi les conditions de travail. Le syndicat VERDI né de la fusion de 5 centrales présentes dans les services réclame 3 % d’augmentation, le gouvernement propose un gel des salaires ou des hausses minimes. Il est fort probable que début janvier 2003 les négociations échouent, les patrons appelant les salariés à être responsables ! Une grève concernant alors les employés des services publics, tels que les communaux, les territoriaux, certains hospitaliers, soient plus de trois millions de personnes, est prévue d’ores et déjà mi-janvier. La dégradation de la situation allemande affaiblit considérablement Schröeder qui n’a pas connu l’état de grâce de Raffarin ou Chirac !

L’Angleterre relève la tête

Dans le même esprit, les travailleurs anglais sortent abasourdis de 20 années de libéralisme effréné de Thatcher à Blair. Récemment, la lutte forte des pompiers a soulevé une vague de soutien dans tout le pays contre Blair et sa guerre interne contre les travailleurs et les jeunes. Ceci n’est pas sans rappeler la formidable bataille des mineurs dans les années 80 contre la destruction de leur secteur. Isolés, ils n’ont pu gagner. Mais, aujourd’hui, les salariés sont conscients des enjeux mondiaux, même si les luttes ne convergent pas encore. Les luttes anti-mondialisation en Italie ont catalysé à un moment la colère des travailleurs italiens. Aujourd’hui, ils ont repris les batailles fermement contre Berlusconi sur les questions démocratiques mais surtout sur les questions de l’emploi comme les salariés de Fiat en lutte depuis un mois qui développent depuis décembre 2002 des grèves européennes contre les licenciements.

Le Portugal : seconde grève générale…

Le 10 décembre dernier, une grève générale a paralysé le pays qui n’avait pas connu cela depuis la révolution des œillets en 1974 ! Des assemblées générales se sont tenues pour préparer la grève sur de nombreux sites d’entreprises. De nombreux piquets de grève ont eu lieu en réponse à la loi gouvernementale proposant la révision des droits des salariés y compris les droits de grève. Ces piquets soulignaient alors la détermination à lutter. A Lisbonne, des étudiants ont appelé à la grève en solidarité avec les travailleurs se joignant à certains piquets.

Si les luttes grandissent en Europe, il apparaît clair qu’elles vont continuer à s’étendre dans les mois à venir en Europe et en particulier en France autour des services publics, des retraites et des licenciements. Ces luttes seront, de plus, renforcées par le sentiment de dégoût que provoquent parmi les travailleurs et les jeunes, les projets guerriers et les lois sécuritaires des gouvernements occidentaux, symbole de l’hypocrisie des capitalistes qui nous demandent plus de sacrifices et dépensent toujours plus pour les guerres. Pour combattre ces attaques, des luttes unifiées en Europe doivent se développer. Dans ces luttes, l’absence d’avenir de nos sociétés sous le capitalisme est de plus en plus flagrant. C’est pour cela qu’il faut aussi débattre des moyens politiques de le renverser.

Par Leïla Messaoudi