Allemagne : Schröder dans les pas de Jospin ?

Conspué lors du 1er mai par les travailleurs présents au défilé, Schröder connaît des revers depuis le début de son second mandat en septembre 2002.

Article paru dans l’Egalité n°101

Electoralement, Schröder a gagné les élections grâce à sa présence médiatisée lors des grandes inondations de la fin de l’été. Mais, pas d’état de grâce pour le chancelier : tous les sièges remis aux voix pour le Bundesrat (sénat) ont été remportés par la CDU (chrétiens démocrates), pourtant dégagée du pouvoir pour de grosses affaires financières !

La position d’opposition à la guerre contre l’Irak a renforcé, pendant un temps, l’image de Schröder, auprès des classes moyennes traditionnellement électrices du SPD. Mais très vite, l’utilisation du territoire aérien et de bases militaires sur le sol allemand par les américains a confirmé l’absence de volonté réelle de s’opposer à la guerre de la part du gouvernement SPD-Verts.

Crise et austérité sans précédent

Les travailleurs allemands ont connu des attaques telles avant et pendant cette période que la colère n’a pas réellement cessé de grandir. Les plans de licenciements orchestrés par le patronat en Allemagne, la fin de Grundig, les fermetures de sites de Bayer mènent le chiffre du chômage à plus de 5 millions !…S’ajoute à cela une politique d’austérité drastique menée par le gouvernement. La réforme des retraites obligeant à une capitalisation est passée dès septembre 2002 sans opposition syndicale.

Aujourd’hui, Schröder sort la grosse artillerie. Des coupes budgétaires, des fermetures de crèches à l’Est, le chômage ne serait plus indemnisé qu’un an puis ensuite, les travailleurs privés d’emplois passeront à l’aide sociale minimale ! La gestion du personnel précaire passeraient par des centres privés où tout salarié serait tenu d’être inscrits et de répondre favorablement à toute offre. Il s’agit d’un super PARE version allemande ! La flexibilisation du travail est donc la priorité du gouvernement prétextant la crise.

Il en va de même pour les traditionnelles négociations salariales des  » partenaires sociaux « . Le patronat annonçait en janvier 0% de hausse en raison de la crise ! Les syndicats, notamment VERDI, principal syndicat de la fonction publique, avaient réclamé 6% et cédé à 3%. Ceci rattrape la hausse du coût de la vie ! Les travailleurs en Allemagne comprennent de plus en plus qu’une politique de négociations sans rapport de force n’est plus tenable.

Des travailleurs étrangers très spécialisés sont amenés à renforcer la production du pays. Selon la demande d’un land ou d’une entreprise, ils obtiennent un titre de séjour valable uniquement dans le land et pour une durée plus ou moins longue proportionnelle à leur niveau d’études. Pas question de regroupement familial. C’est la flexibilité optimale des travailleurs !

Le ras-le-bol des travailleurs et des jeunes

Dès l’automne dernier, la jeunesse des syndicats et ATTAC avaient organisé une grande manifestation contre les coupes budgétaires qui avait rassemblé 100 000 personnes à Cologne. Quelques journées de grève d’avertissement se sont déroulées au premier trimestre 2003. Aujourd’hui, la grogne sociale est perceptible, tous les dirigeants SPD et les dirigeants syndicaux se sont faits siffler aux défilés du 1er mai. Le samedi 17 mai 2003, une grande manifestation nationale de la fonction publique dans son ensemble a lieu Berlin contre les coupes budgétaires et la politique d’austérité. C’est une première, les fonctionnaires n’ayant pas le droit de grève en Allemagne !

D’ores et déjà, la jeunesse du syndicat VERDI, réunie en congrès les 25, 26 et 27 avril, s’est prononcée pour une journée de grève générale du public. C’est un signe que la pression monte. Les jeunes scolarisés ont été à l’offensive dans le mouvement anti-guerre. A la demande des länder qui financent les écoles et qui sont dirigés par les SPD, ils ont été fortement réprimés dans leurs écoles par des sanctions financières et disciplinaires pour fait de grève notamment à Hambourg ! L’illusion dans ce gouvernement soi-disant de gauche est vite tombée.

Une journée de grève générale public-privé est aujourd’hui à l’ordre du jour dans le pays pour mettre un coup d’arrêt à la politique gouvernementale et patronale. C’est ce pourquoi SAV, notre organisation sœur en Allemagne se bat dans le pays mais aussi dans les syndicats et dans les oppositions de gauche grandissantes à l’intérieur. L’alternative politique à Schröder et Fischer se construit dès à présent.

Par Leïla Messaoudi