Trois semaines qu’on ne nous parle que des frondeurs et du gouvernement qui perd le soutien de ses députés. Et au final, comme on pouvait s’y attendre, une trentaine de députés PS s’abstiennent sur le vote de confiance au gouvernement Hollande-Valls, puis rien…. Une tempête dans un verre d’eau ! Des députés qui sont au bout du compte plus gémissants que frondeurs, incapables de voter contre le gouvernement, incapable d’être le relais de la défiance générale de la population contre la politique de Valls. Un nombre grandissant de travailleurs, de jeunes, de précaires ou de retraités s’enfoncent davantage dans la pauvreté pendant ce temps payant davantage chaque jour la crise des capitalistes, avec l’appui d’Hollande et Valls !
Le gouvernement Valls est clairement fragilisé après 6 mois de gouvernance. Deux votes de « confiance » en 5 mois, c’est inédit et c’est le signe de l’instabilité politique et de la fébrilité. C’est évident pour Hollande et Valls, mais c’est aussi le cas pour l’UMP. En pleine crise interne et magouilles, le parti de droite a bien du mal à se démarquer de la politique de Valls car il est en accord quasi complet avec.
Rien d’étonnant alors que le Medef avec Gattaz pousse l’avantage et fasse une déclaration très antisociale juste avant le vote de confiance. Il propose de réduire le salaire minimum, de généraliser le travail de nuit et celui du dimanche, d’allonger le temps de travail pour soi-disant créer 1 million d’emplois… Comme si dégrader les conditions de travail des salariés en poste allait permettre de créer des emplois. On sait que le Medef nous prend pour des idiots mais il faut bien dire qu’avec Valls et le nouveau ministre de l’économie Macron, qui dit lui aussi vouloir casser les limitations de durée du travail, il a de sérieux adjoints. Macron est d’un tel mépris pour les travailleurs que lorsqu’il parle des ouvrières et ouvriers des abattoirs GAD en Bretagne qui font face à 900 licenciements, il dit « ces gens là » dont « beaucoup sont illettrés ». De gauche, ce gouvernement ?
Une fronde qui aurait payé et qui pèse ? Un discours gauchi ?
Certains parmi les medias disent que Valls a dû gauchir son discours de politique générale pour faire pencher les votes. Bien naïf celui qui croit cela ! La prime exceptionnelle de 40 € annoncée pour les petites retraites est une annonce de bien mauvais goût ! Et pourquoi pas un avoir ou une carte de rationnement pour acheter 40 baguettes de pain. Le minimum vieillesse augmenté de 8 euros pendant que les crédits d’impôts reçus par les grandes entreprises (CICE par exemple) se comptent en milliards d’euros pour atterrir dans les poches des actionnaires. La Poste a part exemple reçu près de 300 millions d’euros de crédit d’impôt en 2013 et a supprimé 4600 emplois dans la même période !
Mais même du côté de ceux qui ont voté contre la « confiance », rien n’est dit qui menace réellement la politique défendue par Hollande. Ainsi, le président du groupe Front de Gauche, le député PCF André Chassaigne, a déclaré : « Il est possible, avec la majorité telle qu’elle existe aujourd’hui à l’Assemblée nationale, de mettre en œuvre, avec un nouveau gouvernement, une autre politique ». Ces mêmes députés qui ont voté l’essentiel de la politique de Hollande, que ce soit du temps d’Ayrault ou aujourd’hui de Valls ? Que des députés soient déçus peut être certain, qu’il faille proposer d’entrer réellement dans une opposition au gouvernement et à sa majorité PS-EELV serait la bonne approche. Et non continuer à faire croire que ces députés qui votent la confiance à Valls ne sont pas clairement sur la même ligne politique que celui-ci. Tant que le Front de Gauche restera sur cette ligne de faire croire qu’il est possible de trouver des points d’accord avec des élus qui se disent de gauche mais qui appliquent sans problème la politique voulue par les capitalistes, alors il ne sera qu’un poil à gratter dans le dos de Hollande-Valls.
Quant au suspense sur la dissolution c’était évidemment de la comédie. Le FN prétendait même qu’il était prêt à cohabiter avec Hollande tout en sachant très bien que la dissolution n’aurait pas lieu. En fait, la dernière dissolution, en 97, était due à la vague de luttes qui avait battu Juppé et son plan de casse de la sécurité sociale en décembre 95 et qui pendant deux années avait stoppé la majeure partie des plans du gouvernement. La droite ne réussissant pas à faire passer sa politique, avait dissout l’assemblée pour que la « gauche » le fasse. On est loin de là aujourd’hui.
Nous, on n’a pas confiance en Valls-Hollande !
Après ce mauvais mélodrame de rentrée, il reste clair que Valls, même avec sa majorité relative, va accélérer sa politique : nouveaux cadeaux aux grandes entreprises, nouvelles casses des services publics locaux et nationaux au nom du « pacte de responsabilité », chasse aux chômeurs….; alors que la fraude patronale aux cotisations sociales est de 21 à 25 milliards d’euros selon la Sécurité sociale elle même (quand celle attribuée aux salariés est d’environ 400 millions d’euros), que les dividendes des actionnaires pour le premier semestre 2014 sont de plus de 30 milliards d’euros.
Des millions de personnes en ont assez du duo même pas comique du gouvernement. Il faut que cette colère et cette opposition s’exprime dans la rue, dans les entreprises, dans les quartiers, par des manifestation et une véritable journée de grève qui bloque la circulation des marchandises et les principaux secteurs de l’économie, une journée de grève totale, générale, pour impulser un mouvement d’ensemble rassemblant les jeunes, les travailleurs, les chômeurs,… C’est comme cela que se construira une réelle opposition à ce gouvernement, qui ne se contentera plus de s’abstenir mais votera contre, par la lutte et la grève. C’est cela, s’ils veulent aller de l’avant, que devraient défendre les députés du Front de Gauche, et proposer aux « frondeurs » comme une vraie base commune pour stopper cette politique de casse sociale. En tous cas, on n’attendra pas, il est temps d’organiser la défiance contre Valls-Hollande.
par Leïla