Tunisie : Un pouvoir brutal et paranoïaque !

La Tunisie est le pays où la population féminine est la plus « émancipée » du Maghreb. Les femmes ont accès à l’éducation, à la santé (et même le droit à l’avortement, une véritable avancée dans un pays musulman).

Article paru dans l’Egalité n°94

Il y a de plus en plus de femmes dans la vie active (surtout la fonction publique en fait), mais à quel prix ? La Tunisie est un pays totalitaire. Tous les commerces sont obligés d’avoir la photo de « leur président » Ben Ali, à défaut de quoi ils ne peuvent ouvrir. Bien entendu la photo est plus importante pour les autorités que le respect du code du travail, que ce soit dans le commerce ou l’industrie, la journée de travail étant pourtant limitée à 7 heures par la constitution.

De plus, la Tunisie est un pays où il ne fait pas bon être reporter ou opposant politique, car tout article ou prise de position critiquant le pouvoir est censuré et le ou les auteurs emprisonnés, bien entendu arbitrairement.

Tout courant démocratique et/ou d’inspiration anticapitaliste et socialiste est réprimé puis interdit. La présence de très nombreux policiers en civil qui quadrillent le pays (et notamment la capitale, Tunis) empêche toute lutte, grève ou manifestation pour la plus grande satisfaction des capitalistes et des impérialistes. Ceux ci, surtout Français et Italiens, bénéficient de zones franches (comme celle immense, de Bizerte) où ils imposent leur loi, ou font exploiter les ressources comme les phosphates de Gafsa en faisant travailler les mineurs dix à douze heures par jour. Ben Ali laisse faire car il n’est que le gestionnaire des intérêts des multinationales.

Cette servilité le rend d’autant plus féroce dans la répression intérieure

Le procès du membre du Parti Communiste Ouvrier Tunisien, Hammami en est la parfaite illustration, le seul réel reproche qui lui est fait est d’être dirigeant du PCOT. Alors que la Tunisie essaie de se présenter comme un pays moderne, les autorités ont été bien incapable de prendre le « risque » de la transparence. Hammami et 3 autres ont été kidnappés par les forces de l’ordre sous les yeux d’observateurs internationaux, les avocats et les journalistes frappés etc.

La protestation qui s’en est suivie, avec une grève massive des avocats, un soutien de nombreux magistrats, le soutien du grand syndicat tunisien l’UGTT explique certainement la paranoïa du pouvoir. La révolte de la jeunesse algérienne du printemps 2001 résonne comme un avertissement. La peur de Ben Ali et de ses amis est de voir un scénario identique se produire avec un lien entre les associations de défense des droits de l’homme, les étudiants et les travailleurs. Des symptômes ne trompent pas : les militants tunisiens disent qu’hier les gens ne les connaissaient pas, aujourd’hui « ils viennent nous parler et disent qu’ils nous soutiennent, le pas en avant est significatif ».

La jeunesse tunisienne, par le biais d’Internet et de la télévision satellite, suit les événements mondiaux et en a su plus sur Gênes en juillet dernier que sur son propre pays. Automatiquement, les questions ne peuvent que se multiplier et l’absence de réponse de la part du pouvoir, hormis l’extrême brutalité de sa police, ne peut que donner le goût à de nombreux jeunes de contester de plus en plus activement le régime en place.

Par Cabira