Après plusieurs décennies de pression sur les salaires pour maintenir le taux de profit des capitalistes, l’inflation et la crise structurelle du capitalisme qui s’approfondit viennent paupériser d’autant plus la classe ouvrière et les classes moyennes. Parallèlement, les conditions de travail dans le privé et dans le public ne cessent de se dégrader.
Dans ces conditions de plus en plus inacceptables, les travailleurs et les travailleuses sont poussé·e·s à lutter par nécessité. Les luttes et les grèves dans les entreprises ainsi que dans les établissements publics se multiplient pour des hausses de salaires ou des embauches.
C’est dans ce contexte que Macron et toute sa clique, avec le soutien des Républicains et du RN, accentuent les attaques : indemnisation du chômage, destruction des services publics, en particulier le secteur hospitalier ou l’éducation nationale, et maintenant nos retraites. L’objectif étant à chaque fois de détruire tout ce qui échappait au moins partiellement au marché grâce aux luttes menées au cours du 20ème siècle, pour livrer ces secteurs à l’appétit des capitalistes.
La bataille pour la défense des retraites va être un élément central du combat contre toute cette politique au bénéfice des riches et des ultra-riches, en cela qu’elle peut être fédératrice. Mais la défense des retraites ne sera pas forcément l’élément qui déterminera l’entrée massive dans la lutte de certaines couches de la classe ouvrière, même si le report de l’âge de départ est massivement rejeté.
Il est nécessaire que les équipes syndicales sur les lieux de travail entraînent les travailleurs et les travailleuses dans la grève pour des améliorations immédiates des conditions de vie et de travail autour de leurs cahiers revendicatifs (augmentation de salaire, embauche, etc.) et plus globalement pour le blocage des prix, l’indexation des salaires, indemnités et pensions, sur l’inflation, ou encore pour des plans de financement massif des services publics et la création de monopoles publics des secteurs primordiaux de l’économie (santé, énergie, transport, etc.).
En combinant à la fois la lutte sur des revendications pour des améliorations immédiates des conditions de vie et de travail avec celles pour la retraite ou encore pour dessiner une société libérée des capitalistes, on pourra ancrer la grève dans les lieux de travail et lui permettre de se développer, afin que contrairement aux grands mouvements des dernières années, ce combat ne se réduise pas une succession de manifestations déconnectées – des sortes d’happening ponctuels dans les centres-villes qui ne construisent pas le rapport de force suffisant face aux patrons et à leurs mandataires politiques.
Après la journée de mobilisation de Gilets Jaunes, la première journée de grève aura lieu le 17/19 janvier. Une manifestation nationale à Paris est d’ores et déjà appelée le 21 janvier à l’initiative de plusieurs organisations de jeunesse. Toutes ses initiatives ne s’opposent pas, au contraire elles se complètent et peuvent être des points d’appui pour construire la dynamique sociale et politique pour mettre en échec ce gouvernement minoritaire, obligé de recourir massivement au 49.3, pour imposer sa politique massivement rejetée dans la société.
Ce serait une erreur de croire que l’on pourra obliger Macron et ses sbires ultra-libéraux à mener une tout autre politique, le capitalisme n’a plus de « grain à moudre ». La lame de fond qui monte va donc nécessairement poser la question de les virer du pouvoir et celle de la nécessité d’un gouvernement de la classe ouvrière issu des luttes.
Par Yann Venier, article paru dans l’Egalité n°214