Rentrée dans l’éducation : Robien dans la continuité de Ferry et Fillon

Après des débuts prudents quand il a succédé à Fillon, Robien, nouveau ministre de l’éducation, conduit une rentrée digne de ses prédécesseurs, marquée par la diminution des moyens et la poursuite des attaques contre le service public d’éducation et ses personnels. Il avait commencé en douceur, laissant traîner la mise en place de la loi d’orientation Fillon, échaudé par l’ampleur de la mobilisation des lycéens l’an passé.

Article paru dans l’Egalité n°115

Loi d’orientation : renforcement des inégalités

En fait, c’est maintenant l’essentiel de la loi Fillon qui se met en place, avec quelques aménagements. Elle entraîne d’abord un renforcement des inégalités, en se basant sur une idéologie des « compétences », des dons qui seraient naturellement, et inégalement, attribué à chaque enfant. Cela se traduira par une sélection précoce, orientant les enfants des couches les plus pauvres vers des filières courtes « professionnelles » dès le collège, leur refusant le droit à la même éducation et l’accès à la même culture que tous les autres.

On a pourtant pu mesurer les dégâts d’une telle politique d’orientation précoce sur le niveau général des politiques éducatives des pays qui la pratiquent. Mais ce sont là des critères de rentabilité à court terme, d’adaptation à la formation d’une main d’œuvre peu qualifiée qui prévalent. Et ce n’est pas la création de « bourses au mérite” qui changera la donne pour la quasi-totalité de ces élèves.

Cette loi organise également, au contraire de ce que le gouvernement prétend dans les médias, la diminution des moyens d’aide aux élèves en difficulté : suppression de personnels spécialisés, mise en place de « Programmes Personnalisés de Réussite Educative » (PPRE) qui culpabilisent les enseignants en les obligeant à mettre en œuvre de pseudo-solutions sans en avoir les moyens. La soi-disant intégration des élèves handicapés relève de la même manœuvre de culpabilisation, tout en refusant de donner les moyens d’une prise en charge correcte de ces élèves.

Même chose pour les moyens en remplacement, en diminution constante. Dans le secondaire, on va même demander à des profs de remplacer leurs collègues absents, même si c’est dans une autre discipline !

Tout cela se fait dans un contexte qui remet en cause le service public d’éducation au niveau national, avec la décentralisation et la mise en place de la LOLF (loi sur les financements publics) qui va conduire de plus en plus à l’autonomie financière des structures d’enseignement à l’échelle régionale et locale, avec de graves conséquences quant aux inégalités et au contrôle des pouvoirs politiques locaux.

Emplois Vie Scolaire : toujours plus de précarité

Des milliers de profs vacataires se retrouvent sur le carreau à la rentrée, remerciés sans aucune compensation ni garantie de réembauche. Après avoir supprimé 5 000 postes de profs dans le secondaire, créé 700 postes dans le primaire (pour 46 000 élèves de plus : 1 prof pour 65 élèves !), le gouvernement prétend répondre aux besoins des écoles en créant un nouveau statut précaire : les Emplois Vie Scolaire, contrats de 6 mois renouvelables 2 fois maximum, sans condition d’âge ni de diplôme, payés au SMIC horaire pour 26 heures par semaine. Un nouveau sous-statut, encore pire que celui des emplois-jeunes et des assistants d’éducation. Le gouvernement dit créer 45 000 emploies vie scolaire en cette rentrée, 20 000 emploies en contrat d’avenir, 25 000 en CAE (ex CES) (source ANPE).

S’opposer à cette politique par nos luttes

Le ras-le-bol de tous les travailleurs de l’éducation est énorme. Ils rejettent la politique du gouvernement. Mais nous ne pouvons nous y opposer seuls dans chacun de nos secteurs. Pas plus les Emplois Vie Scolaire que les profs, les lycéens que les personnels TOS menacés par la décentralisation. Il faut dès maintenant nous réunir dans les établissements pour discuter de nos revendications et préparer la riposte. Une journée d’action est prévue début octobre par les confédérations et fédérations syndicales. C’est assurément une occasion à saisir pour organiser cette riposte.

Les travailleurs de l’éducation, comme ceux des autres secteurs, gardent en mémoire l’échec des luttes sur les retraites, la Sécu, la loi d’orientation, marquées par les reculades des directions syndicales alors que les travailleurs montraient une grande combativité. A nous donc de prendre en main ces luttes et leur organisation. Celle-ci passera par la mise en place d’assemblées d’établissements, d’assemblées générales de grévistes pendant les luttes, qui prendront leurs décisions de manière indépendante et démocratique. Nous devons nous battre pour préparer cela dès maintenant dans nos établissements et dans nos organisations syndicales.

Par Pascal Grimbert

– Retrait de la loi d’orientation Fillon-Robien

– Retrait de la loi de décentralisation

– Aucune suppression de poste

– Non aux fermetures de classes

– Non à l’accroissement des emplois précaires

– Titularisation de tous les précaires

– Embauche massive de personnels titulaires