Villepin et Sarkozy attaquent de toutes parts, le patronat multiplie les déclarations provocatrices contre les travailleurs, les multinationales affichent des profits énormes… Dans le même temps, la misère s’étend. +5,2 % de Rmistes en un an et 7 millions de personnes qui vivent avec moins de 774 euros par mois. Une telle situation devrait favoriser des déclarations particulièrement combatives de la part de partis qui se disent « socialiste » ou « communiste ». C’est le contraire qui se produit. Le programme et les perspectives des principaux partis de « gauche » les éloignent chaque jour un peu plus des préoccupations réelles des travailleurs et de la population.
Article paru dans l’Egalité n°118
Le 8 février dernier, avait donc lieu une grande rencontre à l’initiative du PS qui a rassemblé une dizaine de formations autour de lui, dont les Verts et le PCF.
Lors de cette réunion, ni accord de gouvernement, ni action autre qu’une simple pétition contre le CPE n’ont été discutés. Les propositions d’action commune du PCF contre la directive Bolkestein ont été déclinées par le PS sous prétexte qu’il fallait attendre la dernière version du texte soumis au vote. Cela permettait surtout au PS de ne pas se détacher des autres partis socialistes européens, ne votant non qu’au moment où la nouvelle version de la directive avait toutes chances de passer.
Pour le PS, il s’agit de reconstruire son hégémonie sur la gauche
Le PS voulait absolument parler de « contrat » de gouvernement, et non d’un programme. D’un côté le PS veut s’assurer d’un maximum de soutien pour les présidentielles, mais de l’autre il sait que le Non au référendum a révélé des désaccords profonds qu’il espère masquer.
Il veut soigneusement éviter toute proposition qui pourrait montrer une opposition au capitalisme. Ainsi, sur l’emploi des jeunes, les propositions de Hollande, de Fabius ou autres, se retrouvent toutes sur le même terrain : aucune contrainte vis à vis du patronat, même si le contrat ne serait pas aussi précaire que l’actuel CPE.
Ce qu’espère le PS c’est fixer une partie de la Gauche autour de lui dans la perspective de la présidentielle de 2007.
Le reste de la gauche incapable d’initiatives
Beaucoup de gens aimeraient un candidat de gauche qui s’oppose réellement à Villepin et Sarkozy. En l’absence d’un véritable candidat, le PS espère récolter les fruits électoraux de cela. Et ce ne sont pas les attitudes du PCF et de la LCR qui risquent de gêner cela.
Le PCF se plaint de la « lenteur » du PS, mais on l’a vu, elle est voulue. Cela permet au PCF de faire lui aussi son jeu de dupe. D’un côté campagne pour le Non avec la LCR et de l’autre accord avec le PS au moment qui sera nécessaire car il en va de la réélection de beaucoup de députés PCF.
Sans hésiter la LCR a signé la pétition initiée par le PS contre le CPE,pétition qui ne comporte rien à part le retrait de cette attaque. Elle est donc sans danger pour le PS et la signature de la LCR lui donne un aspect combatif à peu de frais. En la signant, la LCR se retrouve dans les combinaisons de la « gauche » de gouvernement. Même si elle s’en défend, elle ne sort pas de ce schéma, ce qui la ramène à n’être qu’un aiguillon de la « gauche ».
L’absence d’un véritable parti des travailleurs
Un authentique parti des travailleurs défendrait une toute autre perspective, mettant au cœur de ses prises de position la nécessité d’organiser une lutte véritablement combative contre Villepin-Sarkozy, avançant la nécessité d’une grève commune aux travailleurs et aux jeunes, se plaçant sur le terrain de la lutte contre le capitalisme. En défendant la perspective du socialisme authentique, un tel parti permettrait aux travailleurs et aux jeunes d’avoir une voix réellement indépendante. Certains espèrent que la gauche va changer, revenir à une orientation plus radicale etc. Mais ce genre d’illusion est dangereux car les choses ne prennent pas ce chemin. Il y a avant tout aujourd’hui, un besoin important que de nombreux jeunes et travailleurs s’organisent sans attendre la fin des petits jeux du PS et autres. C’est à ces jeunes et ces travailleurs que nous disons de nous rejoindre sans attendre.
Par Alex Rouillard