Présidentielle 2022 : De quelle campagne avons-nous besoin ?

Pour 2022, Macron a le culot de lancer sa campagne en se prétendant « Président des jeunes » ! C’est révoltant car son gouvernement a attaqué de toutes parts les conditions de vie et de travail des jeunes, tout autant que celles des travailleurs et de la majorité de la population au profit des ultra-riches.

Cette année, Macron a retiré plus de 700 millions d’euros aux Aides Personnalisées au Logement (APL) – soit 10 milliards depuis 2017. Pour offrir de nouveaux marchés à ses amis capitalistes, Macron sabote nos services publics et les livre au privé : casse de l’hôpital public, vente à la découpe d’EDF (projet « Hercule »), etc. Cet été, le gouvernement a laissé filer l’augmentation effrénée des tarifs réglementés du gaz (+10 % en juillet). Les milliards engrangés par les géants du gaz et du pétrole ne vont pas à la transition écologique mais uniquement aux dividendes des actionnaires.

Pour en finir avec tout cela, il nous faut un programme anticapitaliste, offensif contre les profits des ultra-riches et porteur de puissantes réformes sociales.

Août 2021, à l’université d’été de la France Insoumise, notre position pour une campagne offensive et anticapitaliste a eu un grand écho

Défendre nos droits et besoins

Le programme de la France Insoumise pourrait être le début d’une telle campagne anticapitaliste. Ces cinq dernières années, Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis ont représenté une opposition persistante à la politique de Macron.

Jean-Luc Mélenchon (JLM) parle de « faire de l’eau, l’énergie, la nourriture, la santé et l’éducation des biens communs échappant à la sordide loi du marché ». Mais si la proposition de rendre gratuits les premiers mètres cube d’eau et kilowatt-heure d’électricité est positive, cela ne peut suffire. Tant que de grands groupes privés détiendront les services, leur concurrence avec le secteur public et la recherche de profits régneront : augmentation des prix, accaparement des ressources… Comme pour l’énergie, les transports en commun, la santé, l’éducation, ces secteurs clés doivent devenir des monopoles 100 % publics, en nationalisant et expropriant ces multinationales.

Si JLM et les députés insoumis revendiquent parfois que « la totalité de l’eau soit collectivisée » ou affirment qu’ils « reprendront tout à Veolia et Suez », ils ne sont pas explicites sur la nécessité du contrôle démocratique des travailleurs et des usagers sur la production. Le programme l’Avenir en Commun propose de « créer un pôle public bancaire » et de « séparer les banques d’affaires et de détail » mais cela ne permettra pas de « contrôler les mouvements de capitaux » s’il reste des banques privées en face.

Contre l’exploitation, les discriminations et la destruction de l’environnement dont se nourrit le système capitaliste, il nous faut porter l’objectif ferme du socialisme, par la propriété publique des grands moyens de production, pour planifier et gérer l’économie en fonction des besoins de toutes et tous.

Marquer la force du camp des travailleurs et construire

Face au PS, à Macron, à la droite et au RN, nous avons besoin de montrer clairement notre camp anticapitaliste par un score fort. Cela n’est pas anodin. La Gauche Révolutionnaire ne partage pas l’approche des candidats NPA, LO ou PCF qui sous-estiment la nécessité de succès politiques massifs pour développer la conscience de classe des travailleurs. En 2017, si Mélenchon avait été au 2ème tour, le débat contre Macron aurait porté sur la défense des intérêts des travailleurs et de la population contre ceux des capitalistes incarnés par Macron. La présence de Le Pen a facilité l’élection du « président des riches ».

C’est pourquoi, s’il porte un programme fermement anticapitaliste, nous soutiendrons la campagne de Jean-Luc Mélenchon, malgré des désaccords comme en 2017.

La campagne présidentielle ne se limite pas à l’élection ou non d’un candidat. Elle doit être une occasion de nous structurer, de nous organiser et de renforcer nos idées sur un programme anticapitaliste et de classe à une échelle de masse. Pour contre-attaquer face aux capitalistes, il nous faut discuter de la création d’une nouvelle force politique : un parti de masse, démocratique, pour le socialisme, qui lutte contre la politique de Macron et le capitalisme.

Article paru dans l’Egalité n°206, par Leïla Messaoudi