Avec 12 journées nationales de grève et d’innombrables actions depuis le 19 janvier 2023, le mouvement contre la casse des retraites est exceptionnel. Même si le gouvernement n’a pas encore reculé sur sa contre-réforme, il n’a pas réussi à infliger une vraie défaite aux travailleurs en lutte, et en ressort encore plus fragilisé, au milieu d’une crise politique profonde. Il n’arrivera pas à faire taire la colère qui s’est levée dans le pays.
Jusqu’à 3 millions de manifestants dans plus de 300 villes et pendant 3 mois. Encore aujourd’hui plus de 60 % souhaitent que la lutte se poursuive. C’est bien un rejet du gouvernement et de sa politique en faveur des capitalistes qui s’exprime.
Le front intersyndical large sur une si longue période a aidé au succès des journées de grève qui ont touché tous les secteurs à des degrés différents. Mais il a manqué une stratégie pour la lutte comme par exemple l’annonce des prochaines journées de grève à l’avance (et pas le soir après), et un appel à plusieurs jours d’affilée. Ainsi, les journées nationales étaient très suivies, et le mouvement très soutenu, mais il n’y a pas eu de reconduction massive de la grève.
Les travailleurs et travailleuses relèvent la tête
Le mouvement nous a permis de renouer avec la lutte. Pendant l’épidémie de Covid, le gouvernement et le patronat ont attaqué les conditions de travail et renforcé l’autoritarisme. Les possibilités pour les travailleurs de se retrouver sur leur lieu de travail se sont amoindries, entre autres à cause du télétravail.
Piquets de grève, AG, blocages et caisses de grève ont refait leur apparition. Les mobilisations inédites dans les petites et moyennes villes sont un acquis du mouvement des gilets jaunes. Le retour de la jeunesse dans la lutte aux côtés des travailleurs est aussi un point d’appui.
Pour élargir encore la lutte, il faut que les revendications correspondent à ce qui nourrit la colère : les conditions de vie et de travail. On ne veut pas travailler comme des forcenés pour des salaires insuffisants et finir cassés à quelques mois de la mort, c’est ça qui doit se retrouver au centre des revendications.
Ce n’est pas fini : Préparer l’Acte 2 !
Les « 100 jours d’apaisement » de Macron sont une provocation de plus. En réalité, ils sont en guerre contre nous ! Il ne faut pas les laisser tranquille et préparer l’Acte 2, pour gagner ! Les actions ponctuelles de blocages ou les casserolades, sont positives, mais ne seront pas suffisantes face à la détermination de Macron.
Il faut aussi nous préparer et profiter des mobilisations actuelles pour réapprendre à construire des cadres de lutte collectifs. Par une grève de masse et durable, on peut stopper les capitalistes. Cela nécessite que les travailleurs s’organisent dans leur entreprise et se lient avec les travailleurs des autres secteurs. Dans les semaines et mois à venir, c’est une des tâches des syndicalistes combatifs et de tous ceux qui ont participé au mouvement. Il faut redonner aux AG une place centrale, où tous les aspects de la lutte sont discutés démocratiquement et décidés collectivement, en lien avec les syndicats.
Pour défendre les travailleur‑ses, il faut un gouvernement des travailleur‑ses !
Avec la crise économique, Macron et les capitalistes jouent gros. Ils veulent infliger une défaite à la classe ouvrière pour pouvoir accélérer la casse de la Sécu et des services publics ; des milliards qui échappent encore aux capitalistes. Ils veulent prendre les travailleurs de vitesse et les démoraliser en se montrant inflexibles. Mais cette attitude est aussi le signe qu’ils ne sont pas sereins.
Ce mouvement a démontré, une fois de plus, que les institutions sont au service de la bourgeoisie et des capitalistes : 49-3, Sénat, Conseil constitutionnel, référendum… Tout est fait pour qu’ils puissent nous imposer leur politique. Ce qu’il nous faut, c’est un gouvernement des travailleurs constitué des représentant-es du mouvement ouvrier et de nos luttes. Des élu-es payés au salaire moyen d’un ouvrier qualifié, qui soient révocables s’ils n’appliquent pas le programme pour lequel ils et elles ont été élus.
Comme le dit l’hymne révolutionnaire l’Internationale : « producteurs, sauvons-nous nous-mêmes » ! La vraie démocratie, c’est-à-dire une société socialiste, ne pourra être mise en place que par les travailleurs et travailleuses.