Paris : la révolte du centre d’action sociale

Depuis le 6 octobre 2022 – soit 3 semaines, 200 travailleurs du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris (CASVP) sont en grève pour leurs salaires et se relaient pour tenir l’occupation du restaurant solidaire public Pali Kao, dans le XXᵉ arrondissement. Il s’agit d’un site stratégique pour le CASVP car au quotidien, les travailleurs de la restauration sociale y servent 300 repas et cuisinent aussi pour plusieurs centres d’hébergement et une résidence pour personnes âgées.

Cortège du CASVP à la manifestation du 18 octobre 2022

La revendication au cœur de la grève est l’élargissement de la prime de 189 € du Ségur de la Santé à tous les travailleurs sociaux qui en sont encore exclus, comme les restaurateurs et les personnels administratifs. Cette revalorisation salariale suite à la crise Covid était initialement réservée au personnel soignant, puis des luttes ont permis de l’élargir au personnel médico-social… et enfin à une partie du personnel de l’action sociale.

Seuls 560 travailleurs du CASVP ont pour l’instant reçu la prime, tandis que 1500 autres en sont toujours exclus. Une majorité des grévistes sont des travailleurs de la restauration, mais sont aussi mobilisés nombre de personnels administratifs. Pour ces agents en catégorie C, qui gagnent entre 1600 € et 1700 € net par mois, cette prime mensuelle ne serait pas rien. Comme le dit une agent du service administratif de l’Accès aux droits dans le 11e : “189 € c’est pas énorme, mais c’est beaucoup pour nous.”

Tous de vrais travailleurs de l’action sociale

Les grévistes revendiquent d’être tous considérés et reconnus comme des travailleurs sociaux à part entière. Ils racontent comment leur quotidien, à interagir et veiller sur les usagers, relève bel et bien d’un travail social. “Agent social, on l’est vraiment, dans le réel. Et c’est difficile, on est confrontés aux incivilités, aux agressions – menacé d’un tournevis une fois”. C’est notamment à ce titre qu’ils demandent l’égalité devant le Ségur : “Il y a marqué ‘Agent social’ sur ma fiche de paie, donc on devrait l’avoir cette prime”.

L’aspect matériel – la prime – et l’aspect symbolique – se voir reconnu dans son travail – sont liés et la situation actuelle révolte profondément les travailleurs mobilisés.

Quand les élus PS-EELV accompagnent une politique contre les travailleurs

“Même si Hidalgo ne veut pas, nous on est là !”. Les grévistes s’adressent à la mairie de Paris et revendiquent que la ville applique le décret instaurant la prime du “Ségur III” et l’élargisse à tous les travailleurs de l’action sociale.

Mais la mairie, tenue par le PS-EELV-PCF, membres de la NUPES et prétendant lutter contre la vie chère et pour l’augmentation des salaires, se contente de rejeter la faute sur le gouvernement pour, dans les faits, accompagner sa politique.

Seule opposition concrète au conseil de la Ville de Paris, la France Insoumise, au travers de Danielle Simonnet, soutient la lutte des agents du CASVP. Les députés France Insoumise comptent aussi déposer un amendement pour que ces primes soient intégrées aux salaires.

Une grève à soutenir

Les camarades de la Gauche Révolutionnaire soutiennent la lutte de ces travailleurs et travailleuses pour leurs salaires.

Construite activement par un travail syndical de la CGT, cette grève avait été amorcée le 13 septembre par une Assemblée Générale rassemblant plus de 150 travailleurs qui y avaient voté une première grève de 48 heures les 22 et 23 septembre, avant de refaire deux journées les 29 et 30 septembre. Et finalement lancer la grève reconductible le 6 octobre.

Comme le formule le secrétaire de l’UD CGT Paris : “Le meilleur soutien qu’on puisse apporter à cette grève, c’est l’extension des grèves.” Ce qu’ont fait, le 20 octobre, une partie des animatrices et éducatrices spécialisées travaillant à l’Aide Sociale à l’Enfance, qui pourtant touchent la fameuse prime. Il s’agit pour elles de lier ces revendications pour les salaires au manque de moyens humains et matériels. Le déclic du vote de leur grève avait été l’agression récente d’une collègue par une mineure, la faute à une maltraitance causée par un manque de moyens.

Cortège CASVP-ASE lors de la manif du 27 octobre à Paris

Lors d’une soirée de soutien à la grève, le 19 octobre, un message de soutien a été aussi adressé aux travailleurs du CASVP par la CGT Énergie Paris, secteur en lutte lui aussi pour l’augmentation des salaires et dénonçant la répression anti-syndicale menée par la direction de RTE, ayant poussé au suicide un camarade syndicaliste. Le 26 octobre, lors de la fête de la grève, où nous étions également présent-es pour apporter notre soutien, le syndicat Info-Com’ CGT a donné 15 000 € à la caisse de grève qui permet aux grévistes de tenir. D’autres syndicats ont versé à la caisse.

Soirée de soutien à la grève, mercredi 6 octobre

Pour soutenir les grévistes, relayons cette lutte autour de nous et participons à la caisse de grève, sur place (au restaurant, 10 bis rue Bisson, 75020 Paris, M° Belleville) ou via la cagnotte en ligne : https://www.cotizup.com/grevistes-casvp-pour-legalite. Vous pouvez aussi remettre vos dons aux militant-es de la GR qui les transmettront aux grévistes !

Marie