Manifestations en Serbie : unité entre les étudiants, les travailleurs et les privés d’emploi

Manifestation à Belgrade le 12 avril 2017
Manifestation à Belgrade le 12 avril 2017

En Serbie, des manifestations ou des rassemblements ont lieu quotidiennement dans les grandes villes (notamment à Belgrade et à Novi Sad) depuis l’élection, le 02 avril 2017, du Président Vučić, homme politique à la fois nationaliste et libéral, du Parti « Progressiste » Serbe (Srpska Napredna Stranka ; SNS). Cet ancien ultranationaliste lors des guerres des Balkans commence visiblement à concentrer tous les pouvoirs. Les manifestants parlent de régime autocratique, de dérive autoritaire. Les rassemblements ont commencé au lendemain de son élection, qui a eu lieu dès le premier tour. De véritables fraudes ont été constatées : selon le Courrier des Balkans, certains électeurs ont été appelés à voter à nouveau, les listes électorales comptaient plus d’électeurs que de serbes en âge de voter, etc. En dehors de la fraude, les conditions de l’élection de Vučić sont douteuses. Comme Emmanuel Macron en France, il a monopolisé les médias pendant la campagne. Les manifestants dénoncent également le contrôle du parti de Vučić sur les médias. Ceux-ci distribuent des autocollants « Drugi Krug » («  second tour » en serbe) car c’est bien ce qu’ils revendiquent : un second tour.

Les manifestations sont très organisées et très unifiées. Si la presse (Courrier International, par exemple) se focalise sur le mouvement étudiant, à Belgrade, nous avons pu voir des manifestants de tous les âges, ce qui témoigne d’une réelle convergence entre étudiants, travailleurs (en emploi ou privés d’emploi) et retraités. Lors de celles-ci, la police est assez peu présente (hormis pour stopper la circulation ; rappelons que certains syndicats de policiers ont affiché leur soutien aux manifestants*) et une ambiance de solidarité règne. Le Courrier des Balkans indique qu’à Belgrade, ce sont les travailleurs de l’Usine de motos et de tracteurs, au chômage depuis plus d’un an, qui ont participé à la mobilisation.

Le mouvement « Ne da(vi)mo Beograd » est également présent dans les cortèges car Vučić a passé des accords avec les Émirats arabes unis pour la construction d’habitations et d’un hôtel de luxe qui va dénaturer les rives de Belgrade (« Belgrade Waterfront »). Ce mouvement qui s’inscrit dans la durée va donc au-delà de la dénonciation de la dérive autoritaire de Vučić, pour protester contre un néo-libéralisme féroce, pour remettre au centre du débat les droits sociaux et les conditions de travail et pour plus d’égalité.

 

*Veljko Mijailović, président du syndicat de la Police a par ailleurs déclaré que « le temps où les hommes politiques utilisaient l’armée et la police contre le peuple était révolu »