Vers un Printemps des Balkans ?

La Serbie est en ébullition sociale suite à l’effondrement du toit d’une gare dans le nord du pays qui a fait quinze morts. Les étudiants ont pris la tête d’un mouvement qui a bloqué universités et établissements scolaires, contre la corruption du gouvernement dans tout le pays.

Face à la révolte, le président Vučić a démis le 1er ministre, comme un fusible, et des subalternes. Mais trop tard, le feu était déjà mis aux poudres d’une situation déjà explosive.

Article paru dans l’Égalité n°227

Les étudiants ont appelé les travailleurs-es à rejoindre le mouvement. Les enseignants et les paysans, déjà en lutte contre une politique agricole qui les ruine, ont fait la jonction avec la jeunesse. Malgré l’absence de relais parmi les principaux syndicats, des manifs ont eu lieu dans tout le pays. Une première journée nationale de mobilisation, le 24 janvier, a rassemblé étudiants et salariés de nombreux secteurs dans tout le pays.

Depuis, des discussions sont ouvertes sur la question de la grève générale. Les manifestations et blocages sont quotidiens. Des marches ont lieu partout pour mobiliser. Vučić a essayé d’acheter les étudiants en promettant la baisse des frais d’inscription, réprimé le mouvement, mais rien n’y fait : le mouvement continue et s’organise.

Après l’effondrement de la Yougoslavie, le peuple serbe, démoralisé et appauvri, a connu trois décennies de guerres, sanctions, bombardements de l’OTAN et de gouvernements ultra-nationalistes et corrompus, comme le régime mafieux de Vučić. En quatre mois de mobilisation, l’état d’esprit du pays a changé.
Désormais, le mouvement se répercute dans les autres pays de la région : Croatie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro, Slovénie. On assiste à un vrai Printemps des Balkans, qui pourrait s’étendre au-delà avec la mobilisation en cours en Grèce ou en Slovaquie.

Le mouvement continue, de nombreux secteurs connaissent des grèves ; un appel à la grève générale a été lancé le 7 mars !

Par Yann Venier