Chaque année, lors du dernier weekend avant la rentrée, la Gauche révolutionnaire organise des « journées d’étude ». L’un des sujets centraux cette année était l’étude de l’origine de l’oppression des femmes et de là, la lutte pour en finir avec les causes de celle-ci et construire une société qui établisse une égalité entre toutes et tous.
Beaucoup de mouvements qui se disent « féministes » considèrent que l’oppression des femmes a toujours existé. Ils en arrivent donc souvent à imputer cette oppression aux hommes, du fait de différences biologiques ou autres qui leur aurait donné un statut social supérieur. En réalité les données anthropologiques et historiques tendent à prouver que les femmes n’ont pas toujours été opprimées et que l’apparition d’un statut social inférieur pour les femmes coïncide avec le développement de la société divisée en classes.
C’est Engels qui le premier a mis cela en valeur. Dans le livre De l’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État Engels explique qu’avant la division en classes de la société, les notions de famille, de mariage et d’héritage n’existaient pas. Par conséquent, les femmes avaient un statut social égal à l’homme car c’étaient des sociétés de subsistance où chaque membre jouait un rôle dans la survie du clan ou du groupe, sans hiérarchie ou privilège.
De façon très progressive, la domestication des animaux et la culture ont permis la production de surplus et amené à des divisions sociales liées au fait que certains clans ont pu produire plus, que celui qui contrôle le surplus peut utiliser la force de travail de ceux qui n’en ont pas, organiser des échanges, avec la nécessité de se protéger et d’organiser la répartition de ces surplus etc. C’est de ces changements complexes et graduels que découlent les règles de l’héritage et la structuration de la famille, qui ont amené à vouloir contrôler le corps des femmes.
Une oppression aggravée par le capitalisme
La société capitaliste a accentué l’oppression des femmes en reprenant les règles de morale religieuse pour faciliter l’exploitation salariée. C’est ainsi que les femmes sont souvent moins payées, et subissent des pertes de salaire lorsqu’elles sont enceintes ou qu’elles gardent les enfants. Le manque d’infrastructures (crèches, etc.) facilite une certaine précarité des femmes. Les femmes subissent donc une double oppression, en tant que femme et en tant que travailleuse.
La crise du capitalisme plonge de plus en plus de populations dans la précarité et augmente le taux de violence dans la société. La violence d’État (répression, justice punitive) légitime même la violence comme règlement des rapports sociaux, au détriment des personnes les plus fragiles. C’est ainsi qu’on voit augmenter le nombre de meurtres et donc par extension les meurtres de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint. Les politiques des gouvernements qui attaquent les services publics, cassent les retraites… renforcent la précarité des plus faibles et donc d’une partie croissante de femmes. C’est pourquoi la seule issue pour en finir avec l’oppression sexiste est de lutter pour l’émancipation de toute la classe des travailleurs, femmes et hommes ensemble.
La perspective socialiste est la seule fournissant les moyens concrets de rompre avec les causes profondes de l’oppression des femmes et de développer des modes de gestion collectifs et publics des tâches domestiques, qui aujourd’hui sont gérés individuellement et en grande majorité par les femmes.
Par Virginie Pregny