Aménager le système ou le renverser ?

PM-pas-moralisation-capitalismeCe système nous entraîne vers la catastrophe à tous les niveaux. Problèmes environnementaux, guerres et misère sociale qui s’étendent, on ne peut pas penser que seule une série de modifications, même radicales, vont suffire.

C’est pour cela que tout en soutenant les pas en avant qui sont contenus dans la candidature de Mélenchon et dans le mouvement de la France Insoumise, on ne peut s’en contenter. Dénoncer la dictature des marchés financiers, des capitalistes, ça ne suffit pas. Il faut préparer un véritable changement ce qui veut dire très concrètement, renverser le capitalisme.

Dans ce cadre, les élections sont un moyen de discuter à une échelle large ce projet, et d’exprimer à une échelle large le rejet de ce système, mais elles ne permettent pas de régler les problèmes de fond. Les propositions qui visent à limiter l’exploitation et la domination des riches, ne valent que si elles servent de point d’appui pour des luttes et pour aller de l’avant, sinon les capitalistes auront tôt fait de tout reprendre.

C’est ce que nous vivons depuis des dizaines d’années au niveau des politiques gouvernementales mais aussi ce que vivent les travailleurs dans chaque entreprise : à chaque fois qu’une amélioration est gagnée, souvent au prix de luttes acharnées, la direction de l’entreprise met en place une véritable stratégie pour le reprendre. Que ce soit les services publics, la sécurité sociale, le Droit du Travail en général, rien n’échappe à la rapacité des capitalistes. Le dirigeant de la branche métallurgie du Medef, D. Kessler, l’avait dit en 2007 : «il s’agit de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance» (dans le cadre de ce programme, De Gaulle et le patronat avaient, en gros, accepté une série de mesures comme la sécurité sociale en échange de la garantie, par les dirigeants du PCF et de la CGT, qu’il n’y aurait pas de révolution socialiste à l’issue de la seconde guerre mondiale).

On peut raisonnablement penser que les grands patrons, groupes d’actionnaires, partis de gouvernement du PS au FN… veulent toujours en finir avec ces mesures sociales. Pourtant ce n’est même pas l’existence de ce programme du CNR qui a permis de gagner de nouveaux acquis dans les années 1940-1970 mais bien la lutte des travailleurs. Les gouvernements successifs étaient très occupés à réprimer les luttes, à mener les guerres coloniales («Indochine», Algérie etc.). Si on veut réellement construire un «avenir en commun », c’est d’un projet révolutionnaire dont nous avons besoin.

Mélenchon fait souvent référence à Mitterrand et aux acquis qu’il aurait apportés. Mais Mitterrand lui-même le disait en 1982 : «en économie, ou vous êtes léninistes, ou vous ne changez rien». Le résultat on l’a vu. Et Jospin, incapable de s’opposer aux fermetures d’usines durant son mandat de premier ministre (97-2002) adoptait la même approche : «l’État ne peut pas tout». Mais l’État peut bien pourtant donner des dizaines de milliards aux actionnaires et aux banques, privatiser, attaquer les droits des travailleurs. C’est bien parce que cet État là est un instrument tout entier voué à la classe dirigeante, les capitalistes. Si on veut une politique qui soit vraiment au service de la population, il faudra alors «changer» l’État, le renverser pour mettre en place une autre organisation de la société. Le paradoxe reste alors que les institutions actuelles étant toutes entières organisées pour défendre la classe dirigeante, un simple résultat électoral ne peut suffire à les mettre à bas. Mélenchon adressait ce problème plus directement en 2012, faisant campagne autour du slogan «prenez le pouvoir», qui correspond bien mieux aux nécessités. C’est ce que nous allons continuer de défendre.

Notre problème, c’est le capitalisme, sa dictaturedu profit et de l’exploitation. Notre faiblesse, c’est que malgré le fait que les travailleurs et les milieux populaires forment l’immense majorité de la population, nous n’avons pas d’organisation révolutionnaire, de parti qui permette d’organiser cette majorité pour prendre le pouvoir et lui faire réaliser ses aspirations à un monde débarrassé des injustices.

La campagne actuelle peut être l’occasion de favoriser au maximum les discussions et les échanges d’idées et de propositions, c’est à dire favoriser le débat démocratique – l’essence de toute organisation politique qui veut en finir avec la dictature des milliardaires. Nous pouvons faire des pas en avant, à condition que ces discussions débouchent sur un programme de lutte pour renverser le capitalisme et construire le socialisme démocratique. C’est ce que défend la Gauche révolutionnaire : un programme que pourrait s’approprier une couche significative de jeunes et de travailleurs, tout en construisant un véritable parti révolutionnaire, démocratique, combatif pour avancer dans le sens du renversement de ce système barbare qu’est le capitalisme. C’est cela que nous construisons, et proposons à tous ceux et toutes celles qui pensent qu’il n’y a pas d’issue dans ce système.

Par Alex Rouillard