La crise sanitaire mondiale a frappé d’une manière dévastatrice une économie capitaliste qui peinait à se remettre de la crise économique de 2008 et alors que les signes d’une nouvelle crise s’amoncelaient déjà depuis des mois. L’incapacité du chaos capitaliste à répondre tant du point de vue sanitaire, social qu’économique va aggraver la situation pour longtemps !
Récession et licenciements
Pour 2020, les estimations sont une contraction du PIB mondial de 4,9%. Celui des USA s’est contracté de plus de 10% au second trimestre. La Chine a connu une récession de 7%. Pour la Zone euro, la récession est de l’ordre 6,6% (-12,2% en Allemagne, -14% pour la Grande-Bretagne). En France, cela devrait être de l’ordre 11% pour l’année 2020.
L’OIT a estimé qu’à terme, c’est 50% de la main d’œuvre actuelle, soit 1,6 milliards de personnes, qui pourraient perdre leur emploi ! Aux États-Unis le taux de chômage réel serait de l’ordre de 20%. Les prévisions les plus favorables de l’OCDE s’attendent un taux de chômage de 16,9% au 4ème trimestre pour ce pays. Pour la France, ce même organisme estime que le taux de chômage serait de l’ordre de 13,7% à la fin de l’année, 14,8% en Grande Bretagne, 25,5% en Espagne ou encore 35,5% en Afrique du Sud !
Interventionnisme de l’État et dette
Les plans massifs (« sauvetage » au printemps, « relance » actuellement) injectent massivement de l’argent public dans les entreprises privées. Cela va accroître la dette publique, que les États bourgeois essayeront de faire payer à la classe ouvrière par de nouvelles privations (privatisations, dérégulation du travail, etc.). Et cela va aussi accroître la dette privée des entreprises grâce aux garanties d’emprunts, dont les capitalistes vont tenter d’une manière ou d’une autre de se défausser en les faisant supporter par l’État (donc avec l’argent public).
L’explosion du financement de la dette accumulée est un élément explosif de l’économie mondiale. Le ratio dette/PIB des États-Unis est actuellement de 110%. En l’Italie, il a déjà atteint 135% et devrait grimper jusqu’à 155%. Le FMI s’attend à ce que le ratio dette/PIB du pays capitaliste industrialisé moyen atteigne 120% au cours de la période à venir.
Les économistes libéraux (orthodoxes) commencent à dire que cet interventionnisme de l’État ne pourra pas être soutenable éternellement, et que l’économie capitaliste devient trop dépendante de l’argent public. Le risque majeur est la pression déflationniste (les marchandises n’étant plus assez rentables pour être produites, il y a diminution de la production). L’explosion de l’endettement, public et privé, fait courir d’autres risques aussi terribles : conséquences monétaire (réduction des moyens de paiement en circulation), et financière (contraction du crédit).
Et qu’adviendra-t-il lorsque les États n’auront plus les moyens de mettre sous perfusion les entreprises ? Les niveaux massifs d’endettement, tant public que privé, associés à la perte ou à la réduction des revenus de millions de personnes peuvent conduire à des défaillances massives de la dette privée, à des faillites et à un effondrement des cours des bourses.
Il est possible que les États capitalistes en viennent à une politique de nationalisations capitalistes pour sauver certaines entreprises mais ce sera pour faire payer les pertes avec de l’argent public.
Repli national du capitalisme mondial
Les mesures prises sont un sauve-qui-peut sans grande cohérence. Chaque État défendant sa bourgeoisie capitaliste, accentuant les tensions inter-impérialistes.La situation géopolitique est de plus en plus instable comme le montre la détérioration des relations du couple qui menait l’économie mondiale : les États-Unis et la Chine qui se mènent une véritable guerre commerciale (et monétaire).
Même en ramenant une partie de la production sur leur sol (amenant des éléments de « démondialisation »), cela ne se fera pas en créant massivement des emplois. Les capitalistes n’ont aucune solution solide, au contraire, ils sont un facteur d’aggravation. La crise qui s’amplifie va être dévastatrice mais elle va mettre à l’ordre du jour le besoin d’une lutte massive.
Seul le socialisme, par une économie publique, planifiée et gérée démocratiquement par les travailleurs et la population en fonction des besoins peut mettre fin à ce chaos qui plonge les populations dans la misère.
Par Yann Venier