La France Insoumise veut tirer profit de la crise politique, à juste titre, pour faire chuter Macron et ses gouvernements, plus instables les uns que les autres. C’est le sens du texte d’orientation de l’« assemblée représentative » de mi-décembre, validé par le vote de plus de 56 000 insoumis sur la plateforme en ligne. Il évoque différents scénarios pour la crise politique : chute de Macron dans les prochains mois, ou maintien du gouvernement jusqu’à une nouvelle dissolution cet été. L’objectif est de préparer les insoumis aux campagnes électorales découlant des deux possibilités, et des municipales. Mais rien de plus. Que faire pour que des luttes sociales naissent, comment coordonner les syndicalistes insoumis, comment mieux s’organiser en interne et élaborer une politique en plus de celles des parlementaires ? Les perspectives de LFI sont bien trop limitées au terrain électoral, dans l’activité comme dans le programme.

Les limites des élections
S’il est évident qu’il faut être présent aux élections à venir et s’implanter, ça ne peut pas être le cœur de la politique d’un mouvement qui a pour objectif de renverser Macron et le système qu’il défend. Mélenchon et la direction de LFI le savent. Ils en parlent de temps en temps : seul un mouvement de masse et de grève des travailleurs, avec les jeunes, pourra stopper Macron et mettre fin aux politiques de casse des services publics, au racisme, au soutien à la guerre… Les campagnes politisent la situation et permettent peut-être d’impliquer plus de monde. Mais ce n’est pas un terrain favorable à la victoire de notre camp contre celui des capitalistes.
Le NFP n’est pas une base suffisante contre Macron ; ni pour contrecarrer le RN. Comme avec la Nupes, le PS utilise cette alliance électorale pour aller négocier avec le gouvernement des mesures anti-ouvrières comme la retraite à points. Le PS peut se permettre de le faire car LFI n’est pas assez costaude, le niveau de luttes est faible pour le moment, la direction du PCF participe à ne pas attaquer Macron-Bayrou et les directions syndicales refusent de préparer une véritable riposte. Pourtant, gouvernement et patronat poursuivent leur offensive contre les travailleurs. Ce sont ces freins qu’il faut chercher à débloquer.
Travailleurs et jeunes, nous avons besoin d’un parti à nous !
Une petite partie des jeunes et de travailleurs cherchent à résister à Macron et à s’organiser. Mélenchon et la FI seraient très utiles s’ils lançaient un appel à la constitution d’un vrai parti pour organiser toutes celles et ceux qui veulent lutter contre Macron et les capitalistes. Ceci pourrait créer une dynamique. En effet, il manque un vrai outil politique pour les travailleurs et les jeunes, un parti de masse et de lutte contre le capitalisme et pour le socialisme. Un tel appel serait un pas dans ce sens et permettrait de lutter ensemble dès maintenant, plus forts et organisés, et d’ouvrir les échanges sur le programme socialiste capable d’en finir avec le capitalisme.
Article paru dans l’Égalité n°226