Le capitalisme n’aidera pas l’Asie du Sud à se relever

Certains gouvernements capitalistes dominants, poussés par la formidable générosité des gens « ordinaires », annoncent des propositions qui aideraient les pays touchés par le tsunami : Moratoire sur la dette extérieure, taxe internationale sur les capitaux etc. Dans la réalité, non seulement ces mesures ont peu de chances d’être appliquées, mais elles ne résoudront rien.

Article paru dans l’Egalité n°111

Pour le seul Sri Lanka, la banque centrale de ce pays estime la reconstruction et la réhabilitation des zones dévastées à 1,5 milliards de dollars. Un tel calcul ne prend en compte que les reconstructions visibles (routes, rail, certains bâtiments etc.), elle ne tient évidemment pas compte d’autres coûts comme la perte de semaines entières de salaires pour les travailleurs, la destruction de la moindre possession des gens etc. Mais même en restant sur les calculs de la banque centrale du Sri Lanka, la somme représente déjà le quart des promesses des gouvernements réunis au sommet de Jakarta.

Cela n’a pas empêché les spéculateurs de s’activer : qui dit reconstruction dit marché. Par exemple, Nippon Koei et Wakachiku Construction (deux grands groupes du Bâtiment) ont enregistré des hausses de 14,01 et 7,66% respectivement à la bourse de Tokyo pendant le sommet de Jakarta.

Un monde qui s’enfonce dans la misère

A travers le monde, chaque jour 30.000 enfants meurent de famine, de maladies dont certaines pourraient être soignées, ou encore à cause de guerres. Ce drame en Asie ne doit pas nous faire oublier que partout dans le monde les catastrophes, naturelles ou non, engendrent des millions de victimes. Soit ces catastrophes sont engendrées par le capitalisme soit le capitalisme ne permet pas aux populations de se protéger. En définitive, le capitalisme est le pire de tous les tsunamis !

La catastrophe qui a frappé l’Asie du Sud va encore creuser les inégalités et ce n’est pas la politique des gouvernements sur place, valets des gouvernements capitalistes dominants, qui va améliorer les choses. Car le problème de fond reste qui contrôle l’économie et au profit de qui ? Les gouvernements thaïlandais ou cinghalais vont bien évidemment affecter en priorité les sommes à la reconstruction des infrastructures nécessaires au tourisme. La pression des multinationales du tourisme, leurs larges capacités de corruption des dirigeants locaux avaient déjà fait par le passé qu’aucune législation de protection du littoral n’existe : on voit le résultat aujourd’hui avec les hôtels en front de mer dévastés par la vague. L’apport de devises étrangères est un appât mais celles ci ne restent jamais dans le pays et donc l’empêchent de se développer.

Quant à l’argument que cela donnerait du travail, rien n’est plus faux : cela détruit autant d’emploi de pêcheurs, de paysans etc. car les denrées alimentaires ne sont plus produites localement mais importées et deviennent hors de prix pour la population locale. Enfin, l’espace, et notamment les transports, se trouve structuré non pour la satisfaction des besoins de la population mais pour celle du marché touristique. Une belle route et un bel hôtel côtoient un bidonville, une gare minable, et un train vieilli dans lequel s’entassent des milliers de travailleurs chaque jour.

Seul le socialisme développera l’Asie du Sud

Ni les multinationales étrangères, ni les gouvernements locaux ne reconstruiront réellement les régions dévastées. Ce sont les travailleurs, les pauvres, les paysans etc. qui savent ce qu’il faudrait de toute urgence. Ce sont eux qui doivent décider de ce qui doit être reconstruit en priorité.

C’est en mettant en place un contrôle des travailleurs sur l’aide humanitaire et sur la reconstruction que celles-ci seront réellement faites pour satisfaire les besoins de la population : logements, routes, hôpitaux, écoles… C’est ce que défendent les militants de l’United socialist party au Sri Lanka, ou de Dudiyora Horaata en Inde (organisations du CIO là bas). Seule une planification démocratique de l’économie par les travailleurs eux-mêmes au moyen de comités démocratiques dans chaque quartier, chaque usine etc. permettra de réellement reconstruire et développer l’Asie du Sud. Cela exige la nationalisation des richesses naturelles, des moyens de transport, de production etc. sous la gestion des travailleurs. C’est par le renversement du capitalisme qu’une telle politique deviendra possible. C’est à cela que travaillent les militants du CIO partout dans le monde et notamment au Sri Lanka et en Inde.

Par Alex Rouillard