L’annulation de la dette des pays pauvres : au cœur du changement du système

La problématique de la dette est souvent sujette à incompréhension voire à désinformation. On croit, ou plutôt on nous fait croire, que le G7 a annulé 90% de la dette des pays pauvres en 1999, alors que depuis la dette n’a cessé d’augmenter.

Article paru dans l’Egalité n°88

Dans les années 60-70 la Banque Mondiale, le FMI et les puissances impérialistes ont poussé les pays du tiers monde à s’endetter allègrement pour faire face à la chute de la croissance économique des pays du Nord. En Amérique du Sud cette stratégie a été concrétisée d’abord à travers la mise en place des dictatures les plus sanguinaires que le sous-continent ait connu au XXème siècle (Chili, Argentine, Uruguay, Brésil, Paraguay, etc.) puis, dans les années 80, à travers des « démocraties » qui n’offrent aux peuples que des plans de misère et de chômage. Ainsi, les pays riches ont prêté aux pays pauvres, par le biais des institutions internationales déjà citées, dans le but que ces pays augmentent leurs importations provenant des pays du Nord.

Suite à l’explosion des taux d’intérêt, la dette a été multipliée par 12 entre 1968 et 1980 : les pays du tiers monde ont remboursé au moins 6 fois l’équivalent de ce qu’ils devaient en 1980 et restent quatre fois plus endettés. Ces pays paient avec leurs budgets de santé, d’éducation et d’emploi le remboursement d’une dette payée maintes fois. L’annulation de la dette, le non payement de la dette, le moratoire ou toute solution qui vise à régler ce problème fondamental est indispensable au nom de la justice et non de la solidarité.

Même si ces propositions font souvent l’unanimité au sein de la société civile, la dette externe est loin d’être annulée car on touche là à des intérêts clés, tant du FMI, de la BM, du G7 (donc de la France) etc. que des gouvernements du Tiers-monde, qui se sont enrichis grâce aux accords passés pour maintenir et augmenter la dette, tout en tentant de garder le « calme social » et la « sécurité juridique » pour que les investisseurs américains et européens puissent poursuivre leurs affaires.

Par Natalia