La Poste : Non à la privatisation !

Cet automne, La Poste devrait être l’objet de toutes les attentions du gouvernement. Sarkozy, Ministre des finances, affirmait dans la presse qu’il s’attaquerait dès septembre à La Poste. Il donnait le ton en ajoutant qu’il mettrait la même vigueur que celle déployée pour EDF-GDF et insistait sur les effectifs qu’il jugeait pléthoriques.

Article paru dans l’Egalité n°109

La rentrée n’avait même pas commencé que Jean-Paul Bailly, directeur de La Poste, était déjà reçu au Ministère. Le Contrat de Plan 2003-2007, présenté en octobre dernier et discrètement passé devant le Sénat, entrait quant à lui en discussion à l’Assemblée nationale. Pendant ce temps, une expérimentation sur les  »zones de vie » s’effectuait déjà en Loire-Atlantique qui ne présageait rien de bon malgré les affirmations péremptoires de la direction.

Le but du gouvernement est la libéralisation des services postaux d’ici 2009. Celui du patronat de s’approprier à bon prix un service postal rentable. Pour y parvenir, ils ont longuement élaboré le Contrat de Plan 2003-2007. Ce dernier prévoit le démantèlement complet des activités postales et la création d’un  »Etablissement de crédit postal » au sein d’une filiale de droit privé, dont d’ailleurs l’ouverture de capital est envisagée ; autant dire une banque postale.

Le réseau grand public ou les chèques postaux (CRSF) deviendraient des sous-traitants aux ordres de la filiale. Celle-ci aurait les mêmes objectifs qu’une autre banque : rentabilité, profit, sélection de la clientèle, etc. D’ici 2007, La Poste espère supprimer 2800 emplois dans les CRSF et en finir avec le temps où les chômeurs et les pauvres pouvaient avoir un compte.

Un autre grand chantier de la direction prévu par le plan est la réorganisation du réseau grand public. L’expérimentation en Loire atlantique des  »zones de vie » montre la volonté des grands dirigeants à créer des zones de rentabilité. La première conséquence logique étant la création de zones non rentables, donc des zones de non droits aux services postaux.

Le nombre des bureaux de poste serait fonction des seuils de rentabilité fixés par La Poste elle-même. Ainsi des bureaux de plein exercice actuellement seraient rattachés à un bureau chef de zone de vie qui gérerait l’ensemble des bureaux, points de contacts ou points poste.

Evidemment, les agents suivraient le mouvement. Ils seraient ballottés d’un bureau à l’autre suivant les ouvertures et leurs horaires seraient également modulés selon les nécessités de service et de rentabilité…

L’expérience de la Loire atlantique montre qu’il ne devrait rester que 80 bureaux de plein exercice sur les 200 actuels. Etendu à tout le territoire, près de 6000 bureaux de plein exercice disparaîtraient sur les 11 500 existants.

Autre volet important du plan : la restructuration de toute la chaîne d’acheminement et de distribution du courrier. Avec elle viendrait le basculement du trafic de distribution sur un deuxième réseau assuré par des salariés aux garanties collectives très inférieures. Le coût du travail serait largement diminué et comme si ce n’était pas suffisant il est prévu de supprimer 40 000 postes dans ce secteur d’activité.

L’implantation de plates-formes nationales, régionales et locales fait peser de graves menaces sur le maintien des centres de tri. Leur nombre devrait être divisé de moitié. Dans les bureaux distributeurs et les CDIS la même politique est envisagée. Leur nombre devrait passer de 9000 à 3600. Les tournées sont regroupées et des milliers de quartiers doivent disparaître. Ce type de menace pèse actuellement sur le CDIS de Rouen. Les risques pour les salariés sont l’allongement des tournées et l’augmentation de la charge de travail ou bien la disparition des RTT ou un mélange des deux ou encore la suppression de l’équipe de nuit.

D’autres pays ont déjà subi ce type d’attaques au nom de la sacro-sainte concurrence. En Finlande, la moitié des bureaux de poste ont fermé.

Dans le journal bourgeois Le Figaro on pouvait lire à propos de la Suède, un des premiers pays à privatiser sa poste, en 1993 :  »Faillite de la libéralisation postale à la suédoise ». La suite de l’article mentionnait que dix ans plus tard le prix du timbre avait doublé, 30 000 emplois sur 70 000 avaient été supprimés, le nombre de bureaux de poste avait été divisé par cinq. La poste suédoise est en déficit chronique, vendant la plupart de ses actifs comme ses bâtiments dont le siège social !

Cette libéralisation des activités postales annonce, comme pour France Télécom, une privatisation de pans entiers d’activités. Chaque fois Jospin en a été un acteur important : transformation de France Télécom, il y a 7 ans, en société anonyme et signature en Espagne avec Chirac de la marchandisation de l’ensemble des services publics.

Chaque fois que cela est nécessaire, le PS se fait un allié du patronat et se porte garant de ses intérêts. Il s’est depuis longtemps détourné du terrain des luttes, préférant rassurer le patronat sur ses capacités à gérer le capitalisme.

De leur côté, les directions syndicales continuent de rechercher la reconnaissance du gouvernement et du patronat. Le 21 juin, les directions de la CFDT, FO et la CFTC signaient un accord sur le  »dialogue social » cher au très libéral ministre Fillon. Alors que la privatisation de France Télécom était annoncée subitement fin août, la direction de la CGT PTT jouait la surprise et ne mobilisait que le 7 septembre. Difficile de faire grève pour empêcher une privatisation lorsque celle-ci a lieu une semaine avant. Quant à faire grève pour montrer simplement son désaccord c’est peu mobilisateur et très démoralisant.

C’est le manque d’un outil politique qui limite actuellement le développement des luttes; un parti au service des travailleurs défendrait l’unification des luttes, et pourrait peser dans les syndicats, de la base au sommet, pour organiser la riposte. Il exigerait que les dirigeants syndicaux du secteur de La Poste refusent de négocier sur les bases du Contrat de Plan et organisent la lutte dès maintenant. Un tel nouveau parti des travailleurs organiserait des campagnes de solidarité pour les postiers, et essayerait de motiver et mobiliser d’autres secteurs. Même si un tel parti fait défaut aujourd’hui, c’est possible et nécessaire de se battre, car il y a urgence. Des initiatives de travailleurs ont vu le jour lors de la lutte à EDF-GDF: des syndicalistes combatifs ont lancé un appel pour une grève unitaire, totale et de longue durée contre la privatisation. La volonté de se mettre en grève pour empêcher la privatisation parmi les travailleurs d’EDF-GDF était là, ce qu’ ont montré des grèves différentes et des manifestastions nationales puissantes. Mais la direction de la CGT n’était pas prête à mener la bataille jusqu’au bout au lieu de négocier avec le gouvernement. (voir page 4).

Pour éviter que les attaques contre La Poste passent, une résistance déterminée est nécessaire. On devrait dès maintenant discuter collectivement, dans chaque secteur différent de La Poste: Comment on peut organiser la riposte ? Comment on peut prendre des initiaves à la base des syndicats pour obtenir que leurs directions se battent sans compromis contre les attaques ? Comment on peut motiver et mobiliser un maximum de collègues syndiqués et non-syndiqués ? Comment on peut impliquer les usagers de la Poste ? Comment on peut créer des liens avec d’autres travailleurs (des autres secteurs du service public, du privé) ?

Le 21 septembre est une première journée d’action à La Poste. Faisons de cette journée une journée test, une journée de grève permettant d’élargir et de populariser notre lutte. On a la force et la capacité de faire reculer ce gouvernement au service du patronat. A nous d’agir !

Défense d’un service de poste public :
– Non à la pivatisation de la poste
– Non aux fermetures de bureaux de Poste
– Non à la casse des statuts
des travailleurs de la Poste

Par Sylvain Bled