Inégalités face aux examens : témoignage d’une étudiante étrangère

Dans son allocution du 13 avril dernier, Emmanuel Macron a annoncé en plus de la reprise du travail à partir du 11 mai, que des examens à distance auront bien lieu pour les étudiants. C’est aussi la décision qu’a prise l’Université de Rouen le 10 avril dernier.

Propos recueillis par Dilan

Mais ces examens sont sources d’inégalités matérielles, numériques…, d’autant plus que beaucoup d’étudiants sont très nettement touchés par la précarité, et dans cette atmosphère d’anxiété/d’angoisse générale, il n’est, pour certains, pas possible d’imaginer de passer des examens.

Le passage d’examens à distance pénalisera la majorité des étudiants, et les plus touchés par ce format seront ceux dont on parle le moins : les étudiants travailleurs, les étudiants en situation de handicap et les étudiants étrangers.

Ces derniers se trouvent à des milliers de kilomètres de chez eux, de leur famille, de leurs proches, dans une situation de crise sanitaire mondiale et sont dans la panique. Le passage d’examens à distance risque d’être très critique. C’est le témoignage que nous livre A., étudiante étrangère en Master de Droit à l’Université de Rouen.

« Le confinement nous a tué franchement, je parle en tant qu’étudiante étrangère, loin de sa famille. T’imagines, tu es loin de ta famille et tu paniques toute seule.

Le gouvernement n’a jamais osé parlé de nous ou s’inquiéter pour nous. C’est décevant.

Je ne dors même pas la nuit tellement ma tête pense beaucoup »

L’étudiante A. nous a clairement expliquée son mal-être en appuyant sur le manque de soutien de la part des autorités.

« Je ne trouve ni responsable de formation, ni doyen, ni autre qui se font du soucis de chercher ces étudiants qui souffrent tout seul et qui paniquent ».

Mais elle n’est pas seule, il y a plus de 300 000 étudiants étrangers en France.

Or aujourd’hui, dans une crise aussi grave, les étudiants ne sont pas écoutés, on ne leur donne pas la parole, et ils sont isolés, dans le flou total des examens qui vont arriver, ils revendiquent justement le droit d’être entendus, sans soutien moral, ce qui ne fait qu’accroitre le stress ambiant et a des effets néfastes sur leur santé physique et psychologique :

« J’entends que parler d’examen et tout.

Les examens ne sont pas plus important que notre vie. Nous paniquons à mort. Que nos têtes ne captent rien et eux ils ne savent rien de tout ça.

Comme si c’était le paradis ! On peut réviser et on peut être chaud que quand nos têtes sont bien.

Quand nos têtes sont déséquilibrées, difficile de faire ce que tu veux encore pire de réviser.

Perso je ne retiens rien. Dès que je me mets à réviser je ne fais que penser et me sentir mal. Je ne dors pas la nuit. Je dors à 9h de force pour que je ne meure pas d’insomnie. Mais je n’ai pas sommeil ni rien. »

Comme le souligne A. dans son témoignage, il est impossible pour elle comme pour tous les autres étudiants de travailler sereinement.

C’est pourquoi les étudiant-e-s de la Gauche Révolutionnaire sont à l’initiative d’une pétition que vous pouvez retrouver ici https://www.change.org/p/etudiants-non-aux-partiels-a-distance-non-aux-inegalites-lors-des-examens (et que nous vous invitons à signer) et nous revendiquons :

  • Accorder le semestre 2 à l’ensemble des étudiants qui ont validé leur semestre 1.
  • Accorder leur année aux étudiants qui ont eu entre 9 et 10 au premier semestre, avec 10 de moyenne
  • Pour les étudiants qui n’auraient pas leur année, exiger le dépôt de 3 devoirs maximums avec une date de dépôt de 2 semaines minimum, dans la limite du calendrier universitaire actuel.
  • Pour les étudiants-salariés, initialement dispensés de toute ou partie du contrôle continu, assurer les même conditions que pour les étudiants non-salariés.
  • L’année universitaire doit se terminer aux dates prévues afin que les étudiants ayant trouvé un emploi ne soient pas contraints de le quitter à cause d’une période universitaire plus longue.
  • Assurer l’uniformité des décisions concernant les modalités d’examens dans l’ensemble des UFR/Départements de l’université
  • Des moyens dans l’éducation supérieure, à la hauteur de nos besoins, décidés par les étudiants et les personnels.
  • Une université gratuite, de qualité, ouverte à toutes et tous
  • En finir avec la dictature du fric, pour une société qui répond à nos besoins : le socialisme