Élections présidentielles algériennes sur fond de crise politique et sociale

Le président sortant Bouteflika se présente pour un second mandat mais, à la différence de 1999, il n’est plus le seul. Il a un rival au sein même du FLN (Front de Libération Nationale, puissant et ancien parti unique) et d’autres candidats, principalement, Ahmed Taleb Ibrahimi, chef du parti Wafa, parti islamiste non agréé, et le président du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) Saïd Saadi. Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des Travailleurs (PT) (extrême-gauche) a également annoncé sa candidature.

Article paru dans l’Egalité n°106

La situation économique et sociale est catastrophique dans le pays.

Privatisation, chômage, précarité touchent un grand nombre de salariés et de jeunes. Pourtant 220 millions d’euros étaient disponibles pour des créations d’emplois ! Où est passé cet argent ?

Face à ces attaques, les travailleurs essaient de riposter. Ceux des services publics se sont mobilisés au dernier trimestre 2003. Après la grève des contrôleurs aériens et des cheminots, ce sont les enseignants des lycées généraux et professionnels qui se sont battus. Pendant des semaines, ils ont lutté pour une augmentation de 100% de leur salaire, l’abaissement de l’âge de la retraite et la reconnaissance d’un statut de fonctionnaire Malgré, la répression, les licenciements de grévistes, les radiations, les retenues de salaire, ils ont construit un mouvement véritablement revendicatif à l’appel de deux syndicats non reconnus par le pouvoir, le CLA (Conseil des lycées d’Alger) et le CNAPEST (Coordination des professeurs de l’enseignement secondaire et technique). Cette lutte a reçu le soutien des lycéens et de la population qui se reconnaissaient dans les revendications des grévistes. Ce qui a permis de moindres sanctions. Malheureusement la lutte est restée sectorielle. Et, ne s’est pas étendue aux autres services publics. La principale organisation syndicale l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) n’appelait pas à la grève. Ni encore moins à l’extension de la grève.

Des élections sous haute tension

A un mois des élections, la situation est explosive en Algérie. Bouteflika en tournée électorale dilapide les fonds publics en offrant de l’argent aux maires des villes. Il annonce des mesures anti chômage. Devant la télévision, à son service, il inaugure, des logements, des hôpitaux qui n’ouvriront pas après le départ des caméras.

La jeunesse est dans la rue, et ne se sent pas concernée par ces élections. Et les émeutes se multiplient en cette fin de février. A Ouargla, dans le sud, de jeunes chômeurs, étudiants ou ingénieurs en pétrochimie dénoncent des sociétés de sous-traitance qui embauchent dans des conditions d’esclavagisme et réclament des vrais emplois à Hassi Messaoud; dans l’industrie pétrolière. Car des postes, il y en a ! Chaque visite de Bouteflika est ponctuée de rébellions, barricades, attaques de commissariat, malgré une répression féroce.

Les Algériens, décimés par des années de terrorisme, de misère et de drames (tremblement de terre), assistent indifférents à la crise qui oppose à des fins électorales, Benflis et Bouteflika au sein du FLN. Et si les opposants se regroupent pour dénoncer la fraude électorale ou les liens de Bouteflika avec les imams (utilisation des prêches dans les mosquées pour dénoncer au nom de l’islam, les prises de position de journaux indépendants) aucun d’entre eux ne présente un programme social et économique en faveur des travailleurs.

L’opposition au gouvernement est très forte en Kabylie. Même si certains aarouchs (membres des conseils de villages) ont signé un accord avec le gouvernement, la majorité d’entre eux appelle au boycott des élections et a l’intention de mener campagne contre le vote dans tout le pays.

Certes Louisa Hanoune , pour le PT dit que ce gouvernement a des comptes à rendre, qu’il faut entendre les jeunes d’Ourgla ou de Batna qui sont descendus dans la rue, mais qu’avant tout chose, il faut que les élections se déroulent bien pour éviter une mise sous tutelle étrangère !

Il n’y a pas un parti qui permette aux jeunes, chômeurs et travailleurs complètement désorientés de s’organiser, d’avoir des perspectives pour s’opposer au capitalisme et construire une alternative socialiste en Algérie. Il faut le construire !

Par Wahiba et Dadou