Education: Blanquer choisit le bricolage et les suppressions de postes

Alors qu’écoles, collèges et lycées n’étaient pas encore rouverts, dans le JDD du 10 mai, Blanquer annonçait la couleur : « Cette reprise de mai-juin nous permet d’expérimenter des modalités de fonctionnement, nécessairement mixtes, entre présence à l’école et enseignement à distance » et de travailler sur « l’articulation scolaire et périscolaire ». Il ne s’agit pas de faire face à la situation sanitaire momentanée, mais bien de « moderniser le système éducatif ».

Pourtant, ce que nous vivons, qu’on soit personnel de l’éducation, parent, jeune ou enfant, d’abord pendant le confinement, puis depuis le 11 mai, tient surtout du bricolage, malgré l’énergie de tous. Entre 7 et 10 % des élèves ont perdu tout lien avec l’école, et près de la moitié d’entre eux n’ont eu qu’un lien épisodique. Les inégalités déjà présentes ont été accrues, et les familles des milieux les plus populaires en font les frais : pas ou peu de matériel, impossibilité de travailler au calme… Depuis mai, très souvent, moins de la moitié des élèves peut être accueillie en cours, et si c’est plus, c’est plutôt pour un jour ou deux par semaine.

Le bilan est désastreux, mais Blanquer avance ses pions pour pallier à terme à de nouvelles suppressions de postes, en faisant basculer quelques activités scolaires (sportives, culturelles…) sur la gestion des communes ; et en testant les possibilités de l’enseignement à distance qui pourrait s’inviter durablement. Blanquer déborde d’imagination quand il s’agit de chercher des solutions pour mettre moins de moyens dans l’éducation.
La période de confinement n’a d’ailleurs pas été une période d’attente dans les Rectorats et au Ministère. Alors que les luttes contre des fermetures de classes et les suppressions de postes étaient impossibles, aucune suspension pour que celles-ci puissent être étudiées dans une période plus favorable n’a été acceptée et, dans le second degré, il y a eu un véritable empressement à entériner toutes les suppressions de postes.

La crise que nous vivons nécessite pourtant, comme dans tous les services publics, des créations de postes à tous les niveaux de l’éducation (enseignement, entretien, administration, accompagnement, médico-social…) et un recrutement massif pour rattraper le retard scolaire et apporter de la sérénité en réduisant fortement dès septembre les effectifs de classe, pour garantir une protection maximale contre l’épidémie et pour faire face aux conséquences sociales de la crise.