Ecologie et capitalisme : incompatibilité totale

Peu de temps après son entrée en fonction, le Président Bush a rassemblé contre lui toute la réprobation de façade du monde politique international et en particulier européen : il abandonnait l’idée de signer le protocole de Kyoto sur la réduction des Gaz à Effet de Serre (GES), pour des raisons économiques immédiates et parce que le protocole exempte les pays du Tiers-monde qui sont les moins pollueurs en ce qui concerne l’émission de GES, alors que les USA sont responsables du quart de ces émissions et qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale. Evidemment, cette décision est mal venue à une époque où le monde scientifique s’accorde de plus en plus sur la réalité de la responsabilité des GES dans le réchauffement climatique.

Article paru dans l’Egalité n°88

Mais à y regarder de plus près cet accord est au mieux un emplâtre sur une jambe de bois et au pire, tel que le voulaient les négociateurs américains et australiens soutenus par leurs lobbies industriels, une véritable arnaque : il instaure l’achat du droit de polluer ainsi que le commerce de ces permis de polluer. Dès 1999, le marché s’intéressait à ces transactions :  » Le courtage de ces permis est un secteur spéculatif déjà florissant : le montant global de ces marchés s’élevait déjà à 502 milliards de dollars en 1999, et il pourrait atteindre des proportions astronomiques, se chiffrant en milliers de milliards de dollars, d’ici à quelques décennies.  » (Agnès Sinai, Le Monde Diplomatique Février 2001)

Faux semblant

L’indignation européenne fut d’ailleurs de courte durée, puisque Bush fut reçu par les chefs d’Etats européens à Göteborg, d’où il ressortit une déclaration commune expliquant :  » Nous sommes en désaccord sur le protocole de Kyoto et sa ratification mais nous sommes déterminés à travailler ensemble dans toutes les instances compétentes.  »

L’attitude du gouvernement américain est déplorable. Mais que ferait le gouvernement français si on lui demandait de réduire sa production d’énergie nucléaire ? L’économie américaine marche au pétrole et au charbon et l’économie française au nucléaire. Sa décision serait sans aucun doute similaire. On voit bien que ce qui prime pour la minorité qui possède le capital, c’est l’intérêt économique. Et c’est bien ce sur quoi les écologistes  » institutionnels  » achoppent. Quels sont les bilans de Dominique Voynet en France ou d’Ecolo en Belgique, à part culpabiliser les individus dans leurs comportements ? Si un changement dans les comportements quotidiens de chacun est nécessaire, ce ne sont pas ces comportements qui sont les plus polluants mais bien le mode de production. En effet avec la recherche du plus grand profit, le plus vite possible, les investissements permettant de réduire la pollution industrielle ne sont pas rentables pour les capitalistes.

Quant aux comportements individuels, leur changement ne pourra s’effectuer que si les conditions d’existence le permettent : moins rouler en voiture soit, mais il faudrait pour cela développer les transports en commun à prix abordables par une politique volontariste qui nécessiterait par ailleurs un budget et des embauches à la hauteur des ambitions.

Pour être vert, sois rouge !

Mais toute cette politique n’est possible que si on remet en cause ce système qui privilégie le profit quitte à détruire la planète ou la rendre stérile. Le capitalisme ne peut exister sans l’existence de profits pour une minorité. C’est donc à cela qu’il faut s’attaquer : au capitalisme ! Si en effet toute activité humaine produit des déchets toutes les façons d’organiser cette activité ne sont pas égales au niveau de la pollution. Le capitalisme, à cause de la recherche immédiate du profit maximum pour une minorité, au détriment des besoins de tous, est un système dont la production est véritablement chaotique avec un rendement très faible. Par exemple pourquoi préserver les forêts tropicales, si l’on peut faire du profit en vendant du bois dont on pourrait se passer ! Au contraire une économie planifiée de façon démocratique aurait pour but de satisfaire les besoins de la population. Elle intégrerait donc réellement une politique de préservation de l’environnement, puisque cette préservation est une nécessité vitale pour l’humanité.

Propagande bourgeoise et stalinisme

Lorsque les régimes staliniens sont tombés, la presse bourgeoise a pointé du doigt le désastre écologique des pays de l’Est. Comment ne pas être sensible à la catastrophe de Tchernobyl par exemple. Ils se servirent de cela comme un épouvantail supplémentaire afin de détruire l’image du prétendu communisme aux yeux des travailleurs et de la jeunesse. Mais ce qui s’est passé dans les pays de l’Est n’est pas le socialisme. Il n’en est qu’une caricature meurtrière. Bien que planifiée, l’économie des régimes staliniens ne l’était pas de façon démocratique mais de façon bureaucratique. Elle ne répondait pas aux besoins de la population parmi lesquels se trouve la protection de l’environnement ; la bureaucratie stalinienne avait bien d’autres préoccupations, ses propres intérêts en l’occurrence, que celle de protéger l’environnement pour le bien de tous.

N’en déplaise aux capitalistes et autres anti-communistes, pour préserver l’environnement il faut une société se donnant comme première priorité l’intérêt de l’ensemble de la population. Le combat écologique conséquent ne peut donc qu’aller de pair avec la lutte pour le socialisme et une économie contrôlée par tous et au service de tous.

Développement des énergies renouvelables en remplacement des hydrocarbures et du nucléaire
Recyclage systématique des déchets
Développement radical des transports en commun gratuits
Développement du ferroutage au détriment du transport routier
Réquisition des entreprises qui polluent sous contrôle démocratique des ouvriers

Par Yann Venier