Désertification des zones rurales : sauvons les services publics

La casse des services publics touche durement les zones rurales, jugées peu rentables vu leur faible densité de population.

Article paru dans l’Egalité n°104

Les fermetures de sites s’accélèrent : fermetures de bureaux de poste, de gares et de lignes SNCF, de classes primaires, d’agences EDF, etc. Ces mesures frappent la population, en particulier les plus isolés et les plus âgés. Elles touchent aussi les personnels puisqu’à chaque fois ce sont des suppressions de postes.

Prenons l’exemple du Pays de Bray, secteur très rural de Seine-Maritime : ces derniers mois ont vu les mesures contre les services publics se multiplier. Fermeture de l’agence d’exploitation EDF de Gournay-en-Bray et réduction d’effectifs dans celle de Neufchâtel. Maintenant, en cas de panne, il va falloir être patient… Fermeture de la boutique SNCF de Neufchâtel. Tant pis pour ceux, en premier lieu les personnes âgées, qui venaient y acheter leur billet et y trouver informations et conseils. Plusieurs communes voient leur bureau de poste menacé, avec à chaque fois le même chantage : ou le bureau ferme, ou c’est à la commune de prendre en charge les frais de fonctionnement et de personnels.

Tout ceci se fait discrètement et passe plus ou moins inaperçu, surtout dans des secteurs où les gens sont isolés et les traditions de lutte faibles.

Et ce n’est pas fini : la mise en concurrence de l’électricité, avec la constitution d’une entreprise séparée d’EDF pour le réseau de distribution, promet que celui-ci va se dégrader, que les endroits non rentables ne seront plus desservis, sinon à prix d’or, avec comme partout une hausse des tarifs.

Face à cela, les collectivités locales, encouragées par le gouvernement (encore un aspect de la décentralisation), proposent la création de « Maisons des Services » (bien sûr, le mot « publics » est « oublié ») regroupant dans les plus gros bourgs un endroit où l’on pourrait acheter des timbres, un billet de train, payer sa facture d’eau ou d’électricité, etc. Le personnel y serait communal.

Il faut exiger la sauvegarde des services publics partout, face à cette logique de rentabilité, ainsi que le maintien des personnels. Cela est possible par l’action collective de la population et des personnels, comme l’exemple de Sainte-Affrique dans l’Aveyron l’a montré (cette action y a permis d’empêcher la fermeture de l’hôpital local).

Par Pascal Grimbert