Comment la révolution russe de 1917 a mis fin à la Première Guerre mondiale

Ce qui allait devenir la Première Guerre mondiale était annoncé en 1914 comme un feu de broussailles, une « guerre éclair » poussant les masses à partir au combat la fleur au fusil. Ce feu est devenu un brasier mondial de quatre ans qui a transformé le monde. Comment la Révolution prolétarienne a pu, trois ans plus tard, sortir la Russie de cette guerre sans précédent ?

Un charnier effroyable

Les hommes sont devenus de la chair à canon. Plus de quarante millions de soldats, issus du prolétariat et de la paysannerie, participèrent à une guerre sans précédent. La technologie fut mise au service de la guerre, les capitalistes gaspillèrent la production dans une boucherie qu’ils avaient eux-mêmes créée.
Parmi les belligérants, Nicolas II, Tsar de Russie, tentait de rattraper son retard dans la compétition mondiale capitaliste. Malgré le rétablissement de la monarchie parlementaire et la création de la Douma (parlement russe) suite à la révolution de 1905, le Tsar avait repris son travail de sape contre l’abolition du servage, le développement industriel, etc.

La préoccupation du pouvoir allait à l’alliance avec d’autres empires capitalistes et sa course aux possessions coloniales. Les Russes, majoritairement paysans, souffrant déjà de la politique tsariste de censure et répression, subirent en plus l’entrée en guerre de l’Empire Russe contre la Triple Alliance. La production archaïque fut mobilisée entièrement pour cette guerre.

La trahison de la IIe Internationale

La IIe Internationale regroupait les partis de la social démocratie de tous les pays. Censée à l’époque coordonner l’action des partis ouvriers à travers le monde, elle connaissait une crise politique profonde.

L’internationale ouvrière trahit ses engagements. Ses sections, dont le SPD allemand et la SFIO française, menèrent les ouvriers droit vers la guerre en soutenant leur impérialisme respectif dans une « alliance sacrée ». Leurs députés votèrent les crédits de guerre (à l’exception de Karl Liebknecht). Lénine, en 1916, analysa scrupuleusement cette chute dans son livre L’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Cette contribution servit aux Russes : la guerre avait fait plonger l’économie du pays. La colère sociale montait, et les organisations ouvrières se développaient dans la clandestinité. En février, des grèves et manifestations contre la Guerre et les famines à répétition subirent les répressions tsaristes par le sang. Mais les soldats fraternisèrent avec les ouvriers, et ces derniers prirent possession des stocks d’armes. La Douma abandonna le Tsar et négocia avec les Soviets (conseils ouvriers et conseils de soldats) pour créer un gouvernement provisoire. Le Tsar abdiqua le 2 mars 1917, mais le pays resta divisé entre les parlementaires républicains et les soviets gagnés aux idées bolcheviques léninistes ; ces derniers prirent le Palais d’Hiver le 25 octobre 1917. Le gouvernement tomba, et les Soviets prirent le pouvoir le lendemain.

Le pain, la terre, la paix !

Une fois le Congrès des Soviets réunis, la première mesure décidée fut l’arrêt de la guerre. Les Soviets ratifient un décret de paix le 26 octobre 1917 ( 8 novembre 1917) et Léon Trotsky propose une paix générale. Les bolcheviks voulaient une « paix sans annexion ni indemnité ». Les négociations commencèrent le 22 décembre 1917, alors que l’Empire allemand contrôlait une grande partie de l’Ouest de la Russie. La guerre reprend après un armistice de deux mois.

La fin de la guerre était la condition pour que la Révolution puisse s’accomplir. Trotsky partit pour le gouvernement révolutionnaire négocier avec l’Allemagne. Décision est prise de signer le Traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918. Des concessions énormes sont acceptées. Pour autant, les Bolcheviks ne considèrent pas ce traité comme une défaite. Dans ce contexte chaotique, que peut bien valoir un traité avec les impérialistes ? Tout est une question de rapport de force ensuite. L’objectif central était la fin de la guerre. Soulagés, les travailleur.ses et soldats de Russie pouvaient alors se concentrer sur les suites de la Révolution.

Après la trahison et l’échec de la IIe Internationale, le Komintern (IIIe Internationale) fut créé en 1919, et Lénine rédigea les fameuses 21 conditions pour y adhérer. Les deux lignes politiques antagonistes existant au sein de la social démocratie se confrontent après guerre. Des scissions et des formations de Partis Communistes eurent lieu un peu partout en Europe comme le Congrès de Tours de 1920 en France qui aboutira à la scission entre SFIO et à la création de la SFIC (futur PCF).

La Révolution d’Octobre 1917 et les thèses de Lénine dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme avaient démontré à l’époque leur pertinence, par l’exactitude et la précision de l’analyse des faits. Cela reste valable aujourd’hui pour savoir comment en finir avec la guerre et l’impérialisme. La Révolution russe, ainsi que celles qui l’ont précédée, nous permettent de mieux apprécier les thèses de Marx, Lénine, ou Trotsky, et de voir l’importance de construire un parti révolutionnaire de masse international pour le socialisme.

Par Pierre, article paru dans l’Égalité n°225