A la suite des émeutes de novembre dernier dans les quartiers populaires, le gouvernement avait annoncé des mesures chocs pour l’éducation : plus de personnels, plus de moyens pour les Zones d’éducation prioritaires (ZEP) et une meilleure prise en charge des jeunes ayant quitté le système scolaire. Quand la droite parle d’aider les classes populaires, on se méfie… et on a raison !
Article paru dans l’Egalité n°122
Le point de départ de la » réforme » est que l’école est responsable de la montée de la violence dans les quartiers populaires… bien entendu le ministre de l’Education, De Robien, n’envisage pas que les problèmes sociaux rencontrés dans ces quartiers découlent d’uneés aux ZEP, on en enlève à la moitié des établissements pour les concentrer sur 150, appelés « ambition réussite ». Les autres établissements ont « vocation à sortir du système » … en emmenant avec eux les enfants et leurs familles ! De l’ambition, il n’y en a pas, puisque comme toutes les mesures précédentes celle-ci se fait à moyens constants, voire avec des réductions de postes. Et pour la réussite, elle ne concernera que les économies que le gouvernement aura réussi à faire avec ces moyens. 1000 » super profs » ont été nommés.
Normalement ceux-ci devaient être des profs expérimentés volontaires. Dans les faits, seuls 25% sont expérimentés, les autres sont des étudiants directement sortis de l’IUFM (institut de formation des maîtres)…300 infirmières devaient être embauchées… mais on ne les a pas encore vues. Et 3000 assistants pédagogiques, des étudiants chargés d’aider les jeunes mais dont les missions n’ont toujours pas été déterminées. Et parallèlement : 4500 postes d’enseignants supprimés, -30% de postes aux concours de l’enseignement, diminution des budgets spécifiques (pour des projets culturels, voyages…) et non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux.
Lycées de la deuxième chance
Les » centres défense deuxième chance » accueillent en internat de jeunes sans qualification et sans emploi, ils dépendent du ministère de la défense et sont encadrés pour moitié par des militaires… Ils sont engagés pour 6 mois renouvelables 3 fois. Leur temps est partagé entre rattrapage scolaire, travaux d’intérêt général, et formation à la recherche d’emploi (écriture de CV et de lettres de motivation, stages…). A l’issu de leur engagement, ils sont censés trouver un contrat d’apprentissage, un stage ou un emploi… mais sans aucune garantie bien sûr. Le fonctionnement est militaire : réveil à 6h, lever de drapeau, entraînement physique, uniformes…
Confier des missions d’insertion et d’éducation à l’armée… voilà qui donne une idée assez claire de la politique du gouvernement ! Pourquoi ne pas donner de réels moyens à l’éducation nationale, développer les services publics, supprimer le chômage et les discriminations dans les quartiers populaires, construire des logements sociaux neufs et rénover les anciens ? Question d’économie !
Une politique pro capitaliste se base sur la division de la société en classes sociales et la loi du profit à tous prix. Le rôle de l’éducation est alors de préparer les jeunes au rôle qu’ils auront dans la société : des travailleurs exploités ; alors dans ce sens on va développer les secteurs de l’éducation rentables et fournir une éducation de qualité à ceux qui peuvent payer. L’éducation est le reflet de la société dans laquelle elle se développe. Si le système actuel éducatif est loin d’être satisfaisant, c’est parce que les inégalités sociales de cette société se creusent, mais ce ne sont pas les personnels de l’éducation qui les creusent, se sont les politiques libérales des différents gouvernements. Les récentes attaques du gouvernement vont dans le sens d’approfondir les divisions sociales et les inégalités. Tant que cette politique de coupes budgétaires et d’économies sur le dos des travailleurs et des jeunes sera en place, l’éducation ne pourra que continuer à reproduire les inégalités sociales.
Les attaques menées dans les ZEP ont certainement vocation à être étendues à l’ensemble des établissements. Quelques moyens mis en œuvre pour une poignée d’enfants en très grande difficulté, et rien pour les autres, des budgets en fonction de la rentabilité des projets, un système éducatif basé sur la concurrence et la sélection. C’est ce que l’on voit dans les pays comme l’Angleterre où les attaques libérales sont plus avancées.
L’absence de réaction des directions syndicales montre bien où nous mène leur absence de réflexion globale par rapport à l’éducation. Mettre en place une vraie politique pour en finir avec les inégalités de cette société, signifie prendre sur les profits des grandes entreprises pour développer la société selon les besoins de la population et non selon ceux des actionnaires. Pour changer réellement l’éducation, il faut changer le système qui l’a créé. Ni les personnels, ni les jeunes n’ont intérêt à laisser passer ces attaques, car elles en présagent d’autres… encore pires !
– Pour une lutte commune des jeunes et des personnels de l’éducation contre les attaques du gouvernent
– Pour une éducation publique gratuite et accessible à tous !
– Non à la réforme des ZEP
– Pour un budget à la hauteur des besoins
Par Virgninie Prégny