Actuellement l’Algérie est en pré-campagne, la bataille va être rude entre le président sortant qui voudrait obtenir un nouveau mandat et l’ex-premier ministre. A 6 mois des élections présidentielles, un conflit pour la conquête du pouvoir s’aggrave entre ces deux principaux rivaux où c’est à celui qui séduira le plus les électeurs alors que tout le monde sait que ces deux candidats sont du même ex-parti unique. Il y a également des concurrents d’autres partis qui n’attendent que le moment propice avant d’entrer en scène.
Article paru dans l’Egalité n°104
Entre temps le pays est paralysé par leur duel, et une grande crise politique et sociale pointe son nez.
Depuis quelques semaines déjà les grèves se multiplient dans différents secteurs et deviennent de plus en plus dures. L’un des problèmes primordiaux est celui du chômage alors que la population est majoritairement jeune et que l’inflation et la misère gagnent du terrain sur fond de corruption généralisée.
Le ras le bol atteint la majorité des gens qui perdent espoir et s’inquiètent. Délaissés et livrés à leur propre sort, ils ne cherchent qu’à s’en sortir face à des problèmes que l’Etat devrait résoudre.
Ceux au pouvoir ne pensent qu’à détourner les biens du pays pour leur propre intérêt et celui de leur entourage.
Après divers changements gouvernementaux, aucun n’a pu réellement apporter une réponse concrète aux divers problèmes que rencontre la population. Or l’Algérie est riche tant en or noir (elle en est un des premiers exportateurs) qu’en richesses industrielles, dont certaines non développées, s’ajoutant à celles laissées en jachère, dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’urbanisme. Certains s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes demandent qu’à sortir de la crise.
On comprend le désarroi de la société algérienne dans sa majorité, notamment tous ceux qui cherchent à défendre les intérêts de ce pays dans le bon sens, pour la construction et le partage des biens équitables. On comprend encore mieux tous ces jeunes qui ne cherchent qu’à émigrer pour une meilleure vie et pour faire valoir leurs droits.
Désormais, la population s’exprime dans la violence et l’émeute devient presque le seul moyen de se faire entendre. Dans ce climat de tension, bon nombre d’Algériens redoutent le pire comme après la défaite des luttes de 1988.
Des grèves prennent de l’ampleur, de plus en plus d’organisations syndicales de divers secteurs comme celles organisées par la CNAPST dans l’éducation secondaire et technique, et le syndicat des cheminots de la SNTF. D’autres en soutien se joignent un peu partout dans les grandes villes et les provinces pour manifester leur mécontentement et leur désaccord vis à vis du gouvernement et de sa politique.
Les raisons du mouvement de grève pour les cheminots sont :
– l’augmentation du salaire et primes
– les conditions de travail par rapport aux risques encourus dans leur métier
– la vétusté du réseau ferroviaires, déficience des voitures et voies ferrées
– l’insécurité durant le parcours
Pour l’instant, le mouvement de grève des cheminots à été suspendu en raison de l’augmentation de leur salaire de base mais ils sont loin d’être satisfaits sur toutes leurs revendications.
En revanche celle de l’enseignement secondaire et technique continue depuis plus de 4 semaines (92% de grévistes). Leurs revendications sont :
– l’augmentation de salaires
– la baisse de l’âge de retraite
– le refus de la suspension de plus de 300 enseignants pour « grève illégale »
En attendant, la politique économique suivie par le gouvernement donne une multitude de conflits. Rien que pour la période de 2003, le CNES a compté un chiffre important de jours perdus ; si on le convertit en monnaie, ce sont des milliards de dinars que l’Algérie a perdu, alors le plus juste est de financer les augmentations et les rénovations de certains secteurs.
Mais tant que le pouvoir reste sourd aux revendications et continue à pratiquer la manière forte il ne fait qu’aggraver la situation qui mène le pays vers une fracture sociale plus importante et une faillite de l’économie nationale. La politique de privatisations, au seul profit des capitalistes (parfois très obscurs comme Khalifa), s’accompagne d’un délaissement complet de la population : les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche.
Les élections prochaines risquent d’être un signal d’alarme, celui d’une guerre interne, explosive entre différents partis.
Une chose est sure ce dont l’Algérie a besoin c’est d’une perspective nouvelle pour offrir aux Algériens une réelle alternative au système actuel avec ses bureaucrates corrompus au service du capitalisme.
Par Wahiba Anes