Bolivie : La mobilisation des travailleurs et des pauvres contraint le Président à la démission

Depuis plusieurs semaines, les travailleurs, paysans et indiens du pays le plus pauvre d’Amérique du sud se sont mobilisés en masse contre la politique du gouvernement bolivien.

Article paru dans l’Egalité n°104

Leurs mots d’ordre étaient la nationalisation du gaz (dont le gouvernement voulait réserver l’exploitation aux Etats-Unis), l’abrogation de la  » Loi sur les hydrocarbures  » (qui privatisait leur exploitation au profit des multinationales), un programme de réforme agraire (prenant en compte la question des planteurs de coca), l’abrogation de la  » Loi Tributaire  » (par laquelle le gouvernement s’attaque aux salaires et aux retraites pour couvrir son déficit public), la démission du Président. Une grève générale illimitée avait été lancée par le COB (Centre des Ouvriers Boliviens) le 29 septembre. Des manifestations de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs ont investi les principales villes du pays, férocement réprimées par la police et l’armée qui ont tué plus de cent personnes. Malgré cela la mobilisation s’est poursuivie jusqu’à la chute du gouvernement et la démission du président Gonzalo Sánchez de Losada.

La Bolivie est dans une situation économique et sociale catastrophique : 5,6 millions de boliviens (sur 8 millions) vivent sous le seuil de pauvreté. 3 millions vivent sans électricité ni eau potable.

Seule la faiblesse de l’organisation des travailleurs et l’absence d’un objectif socialiste ont empêché la classe ouvrière bolivienne de prendre le pouvoir, alors qu’elle était en capacité de le faire. On voit encore l’importance d’une telle organisation et d’un tel programme, sans lesquels même un mouvement massif des travailleurs ne peut déboucher sur une victoire complète en transformant la société vers le socialisme.

Par Pascal Grimbert