Budget, retraites : Lecornu joue la montre et Macron maintient une ligne de fermeté

Le gouvernement veut faire passer son budget d’austérité. Pour cela, Lecornu annonce proposer un amendement qui suspendrait, un an, l’application de la réforme des retraites. Ceci ne concernerait qu’une petite partie des futurs retraités. Par contre, le budget est un véritable carnage social à coups de gel des pensions et de coupes dans les APL, dont la suppression pour les étudiants étrangers non-européens est carrément proposée. Et ce même pour le budget de la Sécu qui promet des déremboursements notamment pour les personnes en affection de longue durée.

La situation politique et sociale s’enfonce dans une instabilité profonde. Les manœuvres sont à l’œuvre avec Lecornu qui tente d’amadouer la population, avec l’aide du PS qui n’a pas censuré le gouvernement. Avec Macron, ils se répartissent les rôles. Le président des riches tient un profil plus ferme, annonçant que la réforme est juste décalée et certainement pas suspendue ou encore moins retirée. Nous étions nombreuses et nombreux à l’avoir compris dès l’annonce ! Pour Macron, la réforme à 64 ans est une victoire politique et idéologique contre les travailleur-ses et les jeunes. Leur coup du report temporaire peut coûter cher, puisqu’il est assorti d’une obligation de voter le budget de la Sécurité sociale, dans lequel l’amendement de report serait inclus. Quelle arnaque !

Chômage massif, licenciements et jeunesse sacrifiée

Pendant ce temps, c’est le quotidien de millions travailleurs et des jeunes qui se dégrade : précarité, chômage en nette hausse, la répression des mobilisations et l’ utilisation d’un racisme exacerbé. Dans les quartiers populaires, la jeunesse subit de plein fouet les politiques de contrôle et de précarisation. Isolement, pression, absence de perspectives. Le chômage explose, et les jeunes sont en première ligne. C’est sur eux que repose la pression sociale. Une question urgente est posée : dans quelle société voulons-nous vivre ?

C’est pour cela qu’une colère sourde monte. Une partie de la jeunesse et des travailleur-ses n’est pas prête à attendre, ni à des compromis avec Macron et ses gouvernements. Ce sont eux qui ont été en grève et dans la rue le 10 septembre, ce mouvement, menaçant d’être massif, qui avait même fait sauter Bayrou.

Face à l’instabilité et au carnage social, il faut une riposte des travailleurs à la hauteur !

L’annonce de suspension/report de la réforme des retraites est saluée par les directions syndicales. C’est une erreur : les travailleurs devront toujours partir plus tard. Qu’est ce qu’une victoire pour notre camp, celui des travailleurs et des jeunes ? Une victoire serait un retrait total, une retraite décente pour toutes et tous à 60 ans maximum, et une rupture avec l’austérité.

Les directions syndicales annoncent ne rien faire en terme de mobilisation et laissent l’Assemblée amender le budget. Quant à la CGT, elle appelle à une mobilisation des retraité-es le 6 novembre mais ne met plus en avant le mot d’ordre de retour à la retraite à 60 ans. Cette absence de perspective claire affaiblit les travailleur-ses et les jeunes face à Macron-Lecornu et les capitalistes.

La « prudence démesurée » des directions syndicales face aux « reculs » très partiels du gouvernement nourrit une défiance, jusque dans les rangs des syndiqué-es et des militant-es.

Après le 10 septembre, les journées de grève du 18 septembre et du 2 octobre ont été suivies. Mais l’absence de perspectives des directions syndicales se confirme. Elles se calent sur le calendrier parlementaire dicté par Macron et Lecornu.

Pourtant, seul notre rapport de force peut les faire plier. Une nouvelle journée de grève est nécessaire, mais elle doit être construite comme militante et combative, et avoir un objectif pour réussir. Si on se met à nouveau en grève, c’est pour faire plier Lecornu et Macron ! Pour cela, elle se prépare en amont autour de revendications précises : non aux coupes budgétaires et à la saignée dans les services publics, retraite à 60 ans pour toutes et tous, zéro licenciement… dégageons Lecornu et Macron !

LFI : devenir une force politique qui organise les travailleurs et les jeunes !

Dans le contexte actuel de crise et de polarisation politique, LFI est la seule force politique qui conteste Macron, la droite, le RN et le PS. À juste titre, Jean-Luc Mélenchon et d’autres multiplient les interpellations – notamment des directions syndicales. Mais cela reste largement déconnecté d’une stratégie de mobilisation concrète. Et cela limite la possibilité pour LFI d’incarner une alternative crédible pour le mouvement ouvrier et la jeunesse, hors des élections.

D’un côté, LFI devrait interpeller les directions syndicales pour qu’elles organisent et préparent une vraie journée de grève et de manifestation contre le budget d’austérité Lecornu et contre Macron. Et de l’autre, l’activité principale des insoumis-es, notamment celles et ceux syndiqués, devrait être de militer pour une journée de grève tous ensemble et mettre en débat cette proposition auprès de leurs collègues dans les lieux de travail et syndicats. LFI ne peut pas limiter ses actions au cadre de l’assemblée surtout après sa forte implication dans la construction de la mobilisation du 10 septembre.

Pour la Gauche Révolutionnaire, le report de la réforme des retraites ne doit donc pas masquer l’essentiel : le désastre des politiques des capitalistes dans les entreprises et de Macron-Lecornu dans les services publics pour maintenir les bas salaires et généraliser la flexibilité et la précarité.

Le gouvernement passe son temps à vaciller, mais les directions syndicales et les partis qui se réclament de la gauche refusent de prendre les responsabilités qu’on attendrait de celles et ceux qui disent représenter les travailleurs et la majorité de la population.

Face à l’explosion du chômage, à la précarisation de la jeunesse et à la montée du racisme, il faut avoir un programme clairement anticapitaliste et socialiste, qui s’en prenne aux intérêts des capitalistes et à leur pouvoir, afin de convaincre que l’action collective des travailleurs et des jeunes est la seule à pouvoir en finir avec Macron, Bardella et les capitalistes.