Une majorité d’entre nous n’en peut plus des politiques néolibérales. Mais notre colère reste souvent individuelle. Alors, d’une manière ou d’une autre, les élections à venir vont être un moment pour exprimer cela. Certains projettent de s’abstenir, fatigués du cirque des politicards qui ne cherchent qu’à se mettre au chaud, d’autres envisagent même de voter Le Pen pensant à tort secouer le système. Qu’est-ce qui peut réellement les dégager, renforcer notre camp et aider à nous regrouper ? Viens en discuter avec nous le 8 avril, 18h30 à Rouen. Article publié dans l’Egalité 182
Soyons des millions à dégager l’austérité et ses candidats
Plus nombreux nous serons à voter Mélenchon, malgré des divergences, plus cela constituera un vote clair de rejet de la politique du PS, de LR et du FN. Un signal fort pour montrer combien nous sommes nombreux à vouloir que les choses changent. Forts de millions de voix au premier tour, nous nous sentirons plus forts, dans la rue – contre Le Pen, mais aussi contre n’importe quel candidat qui promet la même politique antisociale. Et c’est crucial pour la prochaine période.
Des mesures sociales vitales
Des centaines de travailleurs et travailleuses sont en grève ou en action chaque jour. Certaines des revendications de Mélenchon peuvent être des points d’appui : l’augmentation du salaire minimum à 1326€ (soit173€ en plus par mois), l’abrogation de la loi « travail », une vraie retraite à 60 ans, une sixième semaine de congés et la réduction du temps de travail vers les 32h/semaine pour faire baisser le chômage. Les investissements massifs dans les services publics et la planification écologique de l’économie vont dans le même sens. Tout cela est positif.
Préparer la bataille
Mais cela a de sacrées limites aussi. Dont une – et non des moindres- qui est la question du rapport de force nécessaire pour obtenir toutes ces avancées indispensables à la qualité de nos vies. Appliquer ce programme nécessite de challenger le fonctionnement-même de la société capitaliste : faire toujours plus de profits, quoiqu’il en coûte. Et il est sûr que cela ne va pas plaire aux capitalistes. Ils résisteront bec et ongle.
Mélenchon lui-même le dit : ce n’est pas un homme seul qui pourra changer le système. Faire des référendum ne sera pas suffisant. Comment forcerions-nous des entreprises à lâcher des augmentations de salaire, alors que la plupart violent déjà allègrement la loi en faisant de la fraude fiscale et sociale ? Il faudra appuyer les mesures sociales présentées par Mélenchon par une mobilisation de masse des jeunes et des travailleurs. Et de même, si c’est un Fillon ou un Macron qui sera élu, nous devrons être organisés pour lutter contre leurs mesures. C’est cela qu’il faut préparer en même temps que la campagne électorale.
Quelle société voulons-nous ?
Une société qui respecte autant les hommes et les femmes que la planète est incompatible avec le capitalisme – cette organisation économique barbare qui gaspille et produit n’importe quoi n’importe comment, organise la guerre pour les ressources naturelles, l’exploitation effrénée des travailleurs, l’oppression des femmes, le racisme, etc.
La société que nous voulons, c’est le socialisme, en plaçant les grands moyens de production en propriété publique, planifiant démocratiquement l’économie en fonction des besoins, et éradiquant ainsi le profit et l’exploitation. Elle repose sur la coopération solidaire des peuples plutôt que la lutte entre puissances capitalistes pour les intérêts de cette micro-minorité qui, à huit, possède autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Si on veut se battre pour un avenir en commun, notre combat c’est la lutte contre le capitalisme et pour une société socialiste démocratique.
Pôle public bancaire ou nationalisation du secteur financier ?
Mélenchon parle de lutter contre la finance en créant un « pôle public » qui séparerait les banques d’affaire et de détail. Mais tous ces organismes nous ont déjà assez pillés. Les seules banques du CAC40 ont versé 2,8 milliards de dollars aux actionnaires en 2016 (+53%). Pourquoi leur laisser la moindre chance de se faire du fric sur le crédit, les découverts, ou même de supprimer des emplois comme sont en train d’essayer de le faire la Banque populaire et Caisse d’épargne avec 11 000 postes d’ici à 2020 ?
Il faut nationaliser l’ensemble du secteur financier, avec ses banques, assurances, organismes de crédit en tout genre, sans rachat ni indemnité (et puis quoi encore !). D’une part ce n’est que comme cela que nous pourrons mettre en place le contrôle des capitaux. Et d’autre part, il s’agit de priver définitivement les capitalistes de leur contrôle sur l’investissement, à travers la création d’un organisme unique de crédit qui permettrait ainsi de ne financer, à très bas coût, que les investissements jugés utiles par les travailleurs et la population.
« France insoumise » : comment avancer ?
Les groupes d’appui de la France insoumise organisent l’activité autour des campagnes présidentielle et législatives. Mais ils restent assez limités dans leur portée. Pour que les choses avancent, que le plus grand nombre puisse être actif et militer, il faut pouvoir également discuter de la ligne politique, l’élaborer et prendre des décisions démocratiquement. Les groupes d’appui pourraient être utiles à plus de monde et servir à populariser et soutenir les luttes, empêcher les expulsions de sans-papiers, grossir les rangs des manifestations, intervenir dans les quartiers, lieux d’études et de travail… Sur ces bases, des coordinations et assemblées générales locales, départementales, régionales et enfin nationales (qui rassembleraient des Insoumis élus) pourraient poser les bases d’une vraie force politique militante, nouvelle, démocratique contre le capitalisme. Il nous faut nous préparer à la lutte contre les capitalistes : un parti de masse et de lutte, démocratique, est nécessaire. Il faut pouvoir avancer dans ce sens dès maintenant.