Vers une clarification politique à gauche ?

Le Nouveau front populaire (NFP) a émergé comme une alliance électorale d’urgence pour empêcher Bardella d’arriver au pouvoir. Le débat politique super important est de savoir comment notre camp, celui des travailleurs et des jeunes, s’organise et quel programme peut nous renforcer.

Derrière le message « d’espoir » et « d’unité » du NFP, comme après la formation de la NUPES, les masques sont vite tombés. Après avoir surfé sur le vote NFP – souvent porté par la force militante qu’est la France insoumise – pour avoir des élus, les Macron-compatibles, du PS ou des Verts, ont finalement avoué qu’ils n’avaient jamais eu l’intention d’appliquer le programme du NFP. Lequel n’est pourtant qu’un ensemble de quelques mesures de première urgence !

Au sein du NFP, des politiques incompatibles

Le PS a ainsi annoncé qu’il voterait contre la destitution de Macron, par peur de « déstabiliser le pays ». Mais c’est Macron qui mène une politique de déstabilisation ! Si la ligne de Faure tient pour le moment, c’est sûrement parce que les élus du PS pensent aux municipales. Sans l’alliance avec LFI, ils auraient été bien moins nombreux l’Assemblée, comme en 2022. Et c’est normal : nous n’avons pas oublié Hollande et sa politique archi-antisociale, raciste avec Valls… et Macron !

Quant au PCF, la ligne majoritaire de Roussel a été tournée vers cette alliance politique bien faible avec le PS et d’autres, surtout contre LFI et Mélenchon, sans avoir une position de classe. Le PC continue à payer le prix de cette politique avec seulement 9 députés élus.

Unité, élus, lutte contre le RN… Une bataille politique riche d’enseignements

Des lignes politiques incompatibles s’affrontent au sein du NFP. L’épisode qu’on vit là est plein de leçons à tirer et débattre. Sur les questions de l’unité, celle de qui, avec quel programme… Aussi, comment on lutte contre le RN. Un revers électoral n’a jamais arrêté leur progression en plus de 20 ans. Ce n’est pas une « bataille culturelle » mais bien politique, car il s’agit d’arrêter la politique qui leur permet de prospérer. Il s’agit de s’unir autour de nos revendications tout en luttant contre toutes les divisions que ce système capitaliste engendre ! Il n’y a pas de capitalisme sans racisme ou discriminations !

La question fondamentale, c’est que toute défense des intérêts de la majorité de la population devra passer par un affrontement entre les travailleurs et la jeunesse, et les capitalistes et leurs défenseurs politiques. Les parlementaires sont des points d’appui dans cette bataille, mais certainement pas le moyen de gagner.

S’organiser indépendamment des pro-capitalistes

LFI a raison de dire que ce qui importe, c’est le programme. Mais le programme qu’il nous faut, c’est bien plus que des mesures d’urgence : c’est celui qui pourra permettre l’unité la plus large possible des travailleurs dans la lutte pour remplacer le capitalisme par une société socialiste démocratique.

Au lendemain des législatives, nous écrivions : « La France insoumise a été bien souvent une boussole pour toutes celles et ceux qui veulent résister et gagner contre Macron, le RN et les grands capitalistes. (…) Mélenchon et ses dirigeants ont une responsabilité. Ils devraient sans plus attendre appeler à hausser le ton, à s’armer politiquement à la hauteur des difficultés actuelles en créant un vrai parti à partir de la FI, autour d’un programme de lutte et de rupture avec le capitalisme, que les militant-es puissent discuter et élaborer collectivement. En appelant à rejoindre massivement (…) une force politique plus solide et efficace (…) démocratique, des milliers de travailleurs et de jeunes prendraient à bras le corps l’engagement politique et le combat contre le capitalisme. »

C’est absolument ce qui est à l’ordre du jour aujourd’hui. Le gouvernement Barnier va-t-il faire long feu ? Rien n’est moins sûr. Et pour faire valoir nos intérêts face aux capitalistes, la clarification politique va devoir aller vers l’organisation politique de la classe ouvrière et de la jeunesse… En toute indépendance politique des pro-capitalistes.

Cécile Rimboud