Soudan : Non à une intervention armée

Alors que la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, s’enlise dans une crise qui a déjà fait plus de 50 000 victimes et plus d’un million de réfugiés, les gouvernements britannique et américain se prononcent pour une intervention militaire.

Article paru dans l’Egalité n°109

Sous des prétextes humanitaires, c’est encore une fois le pétrole qui focalise l’intérêt des impérialismes britannique et américain. Son exploitation dans le sud du Darfour est actuellement détenue par une compagnie nationale chinoise. Blair et Bush espèrent-ils redorer leur blason humanitaire, après la catastrophe provoquée par leur invasion de l’Irak, après avoir laissé 3 millions de personnes mourir dans l’indifférence au Congo entre 1998 et 2000, et dix ans après le génocide rwandais ? Il est possible que l’Organisation de l’Unité Africaine envoie des troupes au Soudan, mais quelle confiance accorder à ces dirigeants d’états africains cyniques, fidèles serviteurs des impérialismes ?

Alors que faire ? Ce contexte de conflits ethniques, tribaux et religieux qui dévastent beaucoup d’Etats africains, ne peut que s’étendre, si un puissant mouvement des travailleurs ne se développe pas à travers l’Afrique, seul capable de s’opposer au capitalisme qui crée les conditions de ces drames en accroissant la misère, les régressions sociales et les divisions ethniques et religieuses. Depuis 1981, les revenus des travailleurs de l’Afrique subsaharienne ont chuté de 13% et le nombre de personnes survivant avec moins d’un dollar par jour a doublé, passant de 164 à 314 millions.

Le Soudan est un terrible exemple des conséquences de l’exploitation capitaliste du tiers-monde. Créé artificiellement à la fin du dix-neuvième siècle par l’empire britannique, il a toujours été dirigé en s’appuyant sur le pouvoir des chefs de tribus, en utilisant si nécessaire leurs divisions, renforçant ainsi le tribalisme. Ces divisions ethnico-religieuses ont encore été accentuées dans les années 20 par le colonialisme britannique avec la mise en place d’une politique de discrimination interdisant ainsi certains districts aux musulmans, expulsés du sud du pays. Malgré son indépendance depuis 1956, le pays est resté dominé par l’impérialisme britannique. Les guerres civiles ravagent le sud du pays depuis 1983 et le Darfour depuis 2003.

Dans ce contexte d’instabilité, une intervention vise avant tout à réassurer la mainmise impérialiste, si besoin est par une campagne médiatique aux prétextes humanitaires. Si on peut soutenir une aide matérielle d’urgence, le mouvement ouvrier doit par contre s’opposer à toute intervention impérialiste et militer pour que se reconstruisent les forces du socialisme dans ce pays. C’est ce que font nos camarades africains, comme au Nigeria où ils ont su construire une solide organisation, embryon d’un futur parti des travailleurs. Et à nous de combattre les impérialismes dans nos pays occidentaux, seul réel moyen d’exprimer notre solidarité ouvrière avec les travailleurs du tiers-monde.

Par Pascal Grimbert