Sommes-nous pour un Front populaire ?

L’appel de Mélenchon à un nouveau Front populaire interpelle. Dans notre imaginaire commun, 1936, ce sont les congés payés et la semaine de 40 heures, ce serait « l’union victorieuse des forces du progrès social ». Mais quel a été le rôle du gouvernement Blum, soutenu par le parti communiste et regroupant des socialistes SFIO et des radicaux ? C’était une alliance entre des partis ouvriers réformistes et des partis bourgeois. Porté par les travailleurs au pouvoir, le front populaire a joué un rôle majeur dans l’arrêt des grèves et occupations d’usine où il a prétexté être un arbitre entre l’organisation patronale et la CGT.

Finalement, c’est ce qui a sauvé le système capitaliste, en arrêtant un mouvement où se développaient la remise en cause de la propriété privée des moyens de production et l’émergence d’une prise de conscience du rôle de la classe ouvrière pour renverser le capitalisme.

L’unité à l’ordre du jour

La lutte des travailleurs des raffineries, comme tant d’autres, le démontre : la colère contre la politique de Macron et Borne ne cesse de s’amplifier. Cependant, tout en étant combatives et suivies, ces luttes restent défensives. Les travailleurs et les jeunes se heurtent au manque de perspectives politiques claires.
Alors un nouveau Front populaire peut-il constituer un outil politique efficient pour les jeunes et les travailleurs ? Pour être un lieu d’élaboration des luttes et d’une perspective claire, cet outil doit construire un programme offensif contre le capitalisme et ses sbires. L’alliance au sein de la Nupes a un programme limité, et erroné souvent, avec certains défenseurs de la mesure antipauvre des vignettes Crit’air par exemple. La seule mesure mise en avant de « taxe sur les superprofits » est en réalité une mesure pare-feu, pas si radicale, préconisée même par la Commission Européenne.

Pour un front uni

Le rôle des partis, syndicats et forces politiques qui s’opposent à Macron est de soutenir, chercher à développer les luttes et de s’unir autour de revendications offensives contre les capitalistes. Plus que jamais il nous manque un parti indépendant développant un programme socialiste pour les jeunes et les travailleurs en attaquant les intérêts capitalistes. Quand les raffineurs bloquent, un tel parti devrait mettre en avant les revendications du contrôle ouvrier et l’ouverture des livres de compte. C’est à cette condition que la classe ouvrière pourra unifier toutes les couches opposées au capital et sentir sa force offensive comme son rôle politique.

Article par Geneviève Favre, paru dans l’Egalité n°213