L’objectif du gouvernement Macron n’est rien d’autre qu’une transformation définitive de la SNCF en entreprise commerciale juteuse pour les futurs actionnaires. Ceci signifiera assez rapidement la fin de milliers de km de lignes locales, pourtant indispensables pour des millions de personnes. Ce sera aussi la fermeture de gares, pour certaines remplacées par un simple guichet automatique. Enfin, les tarifs seront en hausse, eux qui ont déjà grimpé en flèche depuis 15 ans et font que toute une génération ne sait plus ce qu’est prendre le train. La grève des cheminots est le seul moyen de défendre correctement un service public ferroviaire, accessible à toutes et tous. Mais la lutte ne se gagnera pas sans une grève massive ni sans l’entrée en lutte d’autres secteurs en même temps que les cheminots.
Les cheminots ont eu le droit à l’une des pires offensives médiatiques qu’on ait vues contre de simples travailleurs. Des journalistes gagnant souvent deux à trois fois plus (et même plus pour les « stars ») qu’un cheminot (la majorité a un salaire inférieur ou égal à 1800 euros) se sont donc déchaînés, accusant la grève d’être une simple affaire de défense d’un statut qui ferait des cheminots des « privilégiés ». Mais c’est bien le PDG de la SNCF, G. Pépy, avec son salaire de 450 000 euros par an (plus de 37 000 par mois), les innombrables et inutiles directeurs et grands cadres (dont même la ministre F. Parly, qui a été six mois directrice SNCF voyageurs pour un salaire mensuel de 52 000 euros) les privilégiés et les parasites.
La grève des cheminots a connu de grands temps fort, notamment le 22 mars dernier, quand elle a eu lieu en commun avec les autres services publics et des branches du privé, mais aussi le 19 avril. Et quoiqu’en dise la propagande combinée des médias, de la direction et du gouvernement, la grève reste très forte (les chiffres de grévistes annoncés par la direction sont souvent maquillés, intégrant les cadres et la direction, pour minimiser une grève qui est majoritaire parmi ceux qui font réellement fonctionner les trains : conducteurs, aiguilleurs, etc.). La grève organisée sur un calendrier d’action de deux jours tous les 5 jours avait pour avantage d’organiser la lutte, de permettre des assemblées générales, de discuter avec les autres cheminots, les autres entreprises en lutte. Car la grève des cheminots ne doit pas rester isolée face à un gouvernement qui nous attaque tous.
Comment faire reculer le gouvernement ?
Il faut réussir à conserver l’unité des cheminots dans la lutte, ce qui a souvent réussi à se faire dans les mobilisations, mais également ne pas cacher que seule une grève totale et prolongée fera reculer le gouvernement. Les cheminots ne peuvent pas partir en grève seuls, mais leur lutte peut donner l’envie à d’autres : il est évident que leur lutte a encouragé celle des étudiants.
Une nouvelle manifestation nationale, la discussion en assemblées générales de grévistes sur une journée de grande grève qui pourrait être le point de départ d’une grève prolongée, voilà qui donnerait de véritables perspectives à la lutte et devrait être proposé dans les assemblées de lutte.
Le statut un barrage contre la privatisation
L’objectif de la direction de la SNCF et du gouvernement est de terminer la transformation de la SNCF en société capitaliste. Et pour qu’elle amasse les profits (comme désormais les autres service publics privatisés),il faut exploiter toujours plus les travailleurs et donc les empêcher de se défendre, augmenter les bénéfices faits sur leur dos. C’est pour cela que la question du statut des cheminots est indissociable de la défense d’un service public ferroviaire. L’obstacle à la privatisation vient de la résistance de la population, mais elle ne peut suffire sans une grève massive des travailleurs du service concerné.
L’épouvantail de la dette
La question de la dette de la SNCF, présentée comme un point essentiel, est là pour détourner l’attention. Le gouvernement a toujours eu pour intention de faire reprendre la dette à l’État, ce pour quoi il sera demandé aux travailleurs de payer (et sera utilisé pour justifier de nouvelles mesures d’austérité au niveau de l’État), justement pour que l’entreprise soit rapidement profitable. Quant à la promesse de rendre incessible le capital de la SNCF, que la réforme actuelle veut transformer en actions, c’est également du vent.D’une part, la SNCF multiplie les filiales vers lesquelles elle transfère son activité, d’autre part, comme pour EDF et GDF, il suffira d’organiser une fusion avec une autre multinationale pour rendre la participation de la SNCF minoritaire et refonder l’actionnariat de la nouvelle entreprise, qui sera désormais aux mains du privé. Les capitalistes sont « obligés » de passer par ce biais car ils savent que privatiser la SNCF de manière directe et immédiate serait massivement rejeté et combattu par la grande majorité de la population.
Déjà, Pépy a encore annoncé 2000 suppressions d’emplois pour l’année prochaine, et aussi une filialisation du transport des marchandises (avec des milliers d’emplois supprimés là encore).
Par Alex Rouillard