La propagande officielle serait toujours particulièrement comique si les événements n’étaient pas si graves. Lors de la guerre du Golfe, on nous avait présenté l’Irak comme l’une des premières armées du monde, et puis devant son effondrement rapide, les journalistes avaient annoncé que la CIA admettait qu’elle s’était peut être trompée. Des canalisations étaient présentées comme un gigantesque canon, alors que le procédé de la « réaction » a depuis longtemps remplacé pour les longues distances cette arme par les missiles. Quelques mois plus tard, les mêmes journalistes communiqueront une analyse plus précise des photos montrant qu’effectivement il s’agissait de canalisations.
Article paru dans l’Egalité n°92
Dans la guerre contre l’Afghanistan, il fallait être plus fin. Même si on nous a quand même servi cette histoire invraisemblable du passeport, « provenant » d’un des deux Boeing et retrouvé à quelques centaines de mètres du World trade center. L’idée est de trouver le coupable utile et cette histoire de passeport, alors que les ruines du WTC ont brûlé pendant des semaines, est la partie la plus ridicule de l’utilisation de cette tragédie. D’autant plus que tous les réseaux terroristes fonctionnent toujours avec de faux papiers. Et si une organisation comme Al Qaeda était réellement surveillée comme très dangereuse, comment expliquer qu’un tel passeport ait pu… passer ?
Coté français, il y a de quoi rire
Déjà, cette histoire des agents secrets français très utiles car très implantés au Tadjikistan. S’il est vrai que la France, complètement absente de la région, a joué un temps la carte de Massoud, commandant tadjik et fédérateur de l’Alliance du Nord, de là à dire qu’elle a une vieille pratique de la région et une réelle implantation, c’est mettre au rancart toute l’histoire des services secrets de ces deux derniers siècles. Même si la France s’était intéressée aux Tadjiks dès 1996, date de leur retrait de Kaboul, 5 ans c’est un peu court pour faire une véritable implantation avec des dizaines d’agents tadjiks ou parlant couramment cette langue et ayant un faciès leur permettant de se faire passer pour tel.
La France fait surtout un peu plus preuve chaque jour de sa nullité. Pressée de pouvoir envoyer des soldats, elle n’a même pas attendu l’autorisation du pays concerné, l’Ouzbékistan, et les soldats y sont restés bloqués plusieurs semaines sur un aéroport.
La palme revient bien évidemment au porte-avions Charles de Gaulle, qui après avoir eu le nez trop court et s’être fendu l’hélice en mer des Caraïbes, essaie de partir pour l’Océan indien (finalement, au 30/11, c’est la mer d’Oman, moins éloignée de la base française de Djibouti en cas de panne). C’est pour « prévenir des fuites éventuelles de groupes terroristes par voie de mer ». Les huit avions qui étaient soi-disant prévus pour participer à la traque de Ben Laden en Afghanistan, seront finalement affectés à la même mission. Le « Charles de Gaulle » arrive donc sur place deux mois après le déclenchement de la guerre.
Mais sans sourciller, nos chers journalistes continuent de raconter cela comme une page glorieuse. Dans un premier temps, tout cela fait rire ou sourire, mais à la réflexion, les milliards ainsi gâchés tandis que des millions de personnes vivent dans la misère, la répression que subissent les populations immigrées aux USA et en Europe, la montée du racisme engendrée par la propagande médiatique et les législations discriminatoires, on se dit aussi que ce système, ses choix économiques et militaires, sa propagande, par le cynisme avec lequel elle donne une allure sérieuse aux mensonges quotidiens du gouvernement Chirac-Jospin, etc. n’en est que plus insupportable.
Par Alex Rouillard