Pourquoi Bayrou attaque-il les ruptures conventionnelles ?

C’est pour « lutter » contre les « abus » que la ministre dite du « travail », Astrid Pansoyan-Bouvet, compte s’attaquer aux ruptures conventionnelles, en durcissant les conditions d’accès.

Ce dispositif avait été créé en 2008 par Sarkozy en faveur du patronat, pour faciliter les licenciements. En effet, la rupture conventionnelle permet aux patrons de ne pas payer d’indemnités de licenciement aux travailleurs qui perdent leur boulot. De plus, le but est aussi de contourner les conflits, notamment aux prud’hommes. Mais c’était aussi une attaque profondément idéologique : comme la rupture conventionnelle se fait sur la base d’un soi-disant « commun accord », l’idée est de faire croire que travailleurs et patrons seraient sur un pied d’égalité. Or, la procédure de licenciement est plus lourde précisément parce que travailleurs et patrons ne sont pas égaux et n’ont pas les mêmes intérêts. En 2024, 514 000 ruptures conventionnelles ont été signées.

Pourquoi l’attaquer alors ? Parce qu’une rupture conventionnelle permet d’ouvrir des droits au chômage, contrairement à la démission. Logique car dans l’opération, on perd son emploi. Mais pour la ministre qui devrait plutôt s’appeler « du chômage » c’est précisément là où réside l’abus : des gens ont le droit au chômage quand ils ont perdu leur taf, quel scandale !

Alors en plus de les rendre plus difficiles à mettre en place, la ministre compte utiliser France Travail (ex Pôle Emploi) pour fliquer spécifiquement celles et ceux qui ont perdu leur dernier emploi suite à une rupture conventionnelle.

Le prétexte du « coût » est encore mis en avant, estimé à 9,3 milliards d’euros. Mais ce qu’elle ne dit pas, hormis ce que cela « coûte » aux travailleurs mêmes, c’est que la caisse d’assurance chômage est excédentaire de 1,5 milliards d’euros en 2023 et pourrait l’être bien plus si le gouvernement arrêtait de taper dedans pour financer ses politiques anti-ouvrières.

Cette attaque va augmenter la précarité pour les travailleurs. Le but est toujours le même : augmenter la compétition entre travailleurs avec et sans emploi pour baisser nos salaires. Macron nous fait donc ENCORE les poches en nous volant le chômage auquel nous cotisons, tout cela pour les profits des capitalistes.