Macron est peut-être devenu le candidat préféré du système capitaliste. Une véritable éponge, partageant à la fois le bilan de Hollande et la plupart des mesures de Fillon. Ce qui lui permet de dire que « c’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne », car « la politique, c’est mystique ». Autrement dit, voter pour lui consiste simplement à le mettre président et il fera ce qu’il voudra.
Article tiré de l’Egalité n°182 (mars-avril 2017)
Car au-delà de ses pirouettes répétées (sur la colonisation, mais aussi sur le nucléaire quand il dit « il n’est pas bon d’avoir 75 % d’électricité d’origine nucléaire » quand 6 mois plus tôt, il disait : « le nucléaire est un choix français et un choix d’avenir »), de ses revirements (un coup « de gauche », un coup « ni de gauche, ni de droite »), le personnage semble en fait compter sur la mystification plus que la mystique.
Faire parler d’autre chose que de son programme
Car son programme est bien réel, et il n’est pas en faveur des travailleurs ni des couches populaires. Et pour le coup, ça se voit chaque fois qu’un journaliste fait vraiment son travail et dévoile un peu le programme du candidat-banquier. Véritable disciple de la fin du contrat de travail qui protège les salariés (les lois Macron I et II avaient réduit les possibilités de défense devant les Prud’hommes, et Macron a soutenu à fond la loi « travail »), son modèle social, c’est Uber. C’est-à-dire un monde où le travailleur n’a plus de protection sociale, fait jusqu’à 60 heures (ou plus) pour espérer gagner un peu mieux sa vie, mais qui fait gagner des millions aux propriétaires de plateformes Internet.
Macron a gardé de sa fonction de conseiller à la banque Rotschild (où il gagnait un SMIC par jour !) une vraie orientation en faveur des capitalistes. En témoignent ses mesures : la fin des 35 heures pour les jeunes salariés, la radiation des chômeurs en cas de deux refus de propositions d’emploi, la suppression de toutes les cotisations sociales sur le SMIC (les grandes chaînes multinationales du commerce, de la restauration et de la distribution salivent d’impatience quant au gain que cela va représenter pour leurs profits)…
Et évidemment, comme le FN ou Fillon, il y a le « plan d’économie ». Chacun le sien, mais Macron c’est 60 milliards en moins de budgets publics et la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires.
La synthèse Hollande-Fillon
Pas étonnant qu’il reçoive le soutien des éternels candidats aux postes de Ministre ou de Président d’assemblée dès qu’une possibilité voit le jour. Du PS, des écologistes, de Bayrou pour les centristes, de Delevoye pour les gaullistes… Chacun espère faire le mentor du jeune banquier et se tailler une place de choix dans les prochaines combinaisons gouvernementales.
La politique de Macron n’est pas un mythe : c’est le bilan et la suite de la politique de Hollande dont il a été un précieux ministre et c’est la même que Fillon avec un emballage plus acceptable. Sa mystique, c’est qu’il fait la synthèse du PS et des Républicains, tout en se faisant passer pour le petit nouveau. Mais s’il était élu, gare au retour à la réalité quand ses électeurs découvriront qu’ils ont été mystifiés. Leur colère ne s’apaisera pas d’un « je vous ai compris » !
Par Alex Rouillard