Le Sahara occidental dans la ligne de mire des impérialistes

Situé entre le Maroc et la Mauritanie, le Sahara occidental est le dernier territoire africain dont le statut post-colonial n’est pas « réglé » aujourd’hui. Fin 2020, Trump avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, après que Mohamed VI ait reconnu l’État d’Israël. Depuis ont suivi l’Espagne, l’Allemagne, puis en juillet 2024 la France avec Macron, entraînant un conflit diplomatique avec l’Algérie.

Les origines du conflit

Jusqu’en 1975, le territoire sahraoui était une colonie espagnole. Après la mort du dictateur Franco, l’Espagne se retire mais sans que le statut du territoire soit clair. Sauf que le territoire Sahraoui est très riche. La plus grande mine de phosphate au monde est située là, de l’or, et son sable est commercialisé. C’est aussi une zone de pêche importante. Le royaume du Maroc revendique le Sahara occidental.

Il y a 50 ans Hassan II, roi du Maroc, lançait la « Marche verte », censée libérer le Sahara occidental de l’Espagne. Surfant sur la volonté de la jeunesse au Maroc de construire un pays indépendant des impérialistes, le roi impose en fait sa domination sur le Sahara occidental en l’envahissant. La gauche marocaine, alors très critique du pouvoir, n’a pas compris la question nationale sahraouie, la considérant souvent à tort comme secondaire. Une guerre entre le front Polisario et le royaume du Maroc a eu lieu jusqu’en 1991 où des armes chimiques, mines anti-personnelles sont utilisées. Des murs de séparation repoussent la frontière toujours plus vers le Sud et l’Est. Le royaume du Maroc contrôle 80 % du territoire.

Depuis 2007, Mohamed VI propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que les indépendantistes du Polisario, soutenus par l’Algérie, exigent un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé. La France utilise régulièrement un veto technique pour empêcher un vote à l’assemblée de l’ONU.

Une situation internationale difficile

La mise en place du plan du Maroc semble être désormais la réponse des impérialistes. La visite de Macron au Maroc début novembre a confirmé cela. La Russie de Poutine s’aligne et n’a pas invité le Polisario, membre de l’union africaine, à sa conférence Russie-Afrique. La Chine, elle, a un accord commercial de voitures électriques avec le Maroc…

Les Sahraouis n’ont pas un seul mot à en dire. Une partie d’entre eux vit sous un régime militarisé et policier au Sahara occidental occupé par l’armée marocaine tandis que les autres dans les camps de réfugiés vivent dans la misère à Tindouf en Algérie. Depuis quelques temps, un conflit armé reprend. L’aide de l’ONU est stoppée, compliquant la vie en plein désert algérien. Une nouvelle guerre dans la région serait dramatique pour les populations civiles de part et d’autre.

Il faut une réponse indépendante des travailleurs et des masses pauvres

Les Sahraouis ont le droit de choisir s’ils souhaitent vivre avec le Maroc ou séparément. La défense du droit à l’autodétermination est une question qui concerne tous les travailleurs et les masses pauvres de la région. Et elle ne se fera pas grâce à l’ONU ni grâce au Maroc de Mohamed VI ou à l’Algérie de Tebboune. Seule une alliance consciente des travailleurs et des peuples de la région peut le faire en luttant pour leurs droits, contre tous les impérialistes mais aussi contre leurs propres gouvernements capitalistes.

Article par Leïla Messaoudi, paru dans l’Égalité n°225