La Poste : réorganisation de la distribution à Rouen CDIS

Les directives européennes en matières de politique postale sont claires : plus de profits et de rentabilité. Ainsi la mécanisation du tri dans les centre de tri s’est accéléré et avec elle tout un cortège de suppressions de postes.

Article paru dans l’Egalité n°111

C’est aussi pourquoi dans les différents CDIS (centre de distribution courrier) des réorganisations s’opèrent. La quantité de courrier à trier le matin par les facteurs diminue et la direction de La Poste compte bien reprendre ce temps dont ces derniers pourraient bénéficier. C’est exactement ce qui se passait à Rouen CDIS en novembre dernier (voir Egalité n°110) où la direction proposait aux facteurs de choisir entre 3 scénarios.

La section locale de la CGT appelait alors à boycotter ce scrutin et encourageait les facteurs à voter contre la réorganisation en déposant un bulletin dans une urne qu’elle mettait à leur disposition. Les résultats étaient édifiants : 1 voix pour le premier scénario, 1 pour le second, 38 pour le troisième, 5 blancs, 1 nul, 27 abstentions et 69 dans l’urne CGT soit 50% !

La direction n’en restait bien sûr pas là. Elle convoquait rapidement l’ensemble des organisations syndicales en réunion plénière. Elle espérait des revendications concrètes de leur part et donc la possibilité de négocier et de sortir du blocus que le choix des facteurs avait imposé. Refusant de trahir la décision largement majoritaire des facteurs, les organisations syndicales s’en tenaient à leur revendication première : non à la réorganisation de la distribution à Rouen CDIS !

Voyant cela, la direction sortait de sa poche trois autres scénarios à proposer aux facteurs. Comme les précédents ils ne présentaient ni un mieux pour le service public, ni pour les conditions de travail. Ils ne présentaient que des améliorations par rapports aux scénarios précédents, à savoir des repos compensateurs un peu plus fréquents et surtout six positions de travail supprimées au lieu des dix prévues.

La tactique de boycott employée par la CGT lors du premier vote était tout à fait pertinente. Elle permettait aux facteurs de refuser en bloc les choix de la direction et créait un premier rapport de force sur lequel se reposer. C’est bien parce que plus de 71% des facteurs avaient refusé les choix de la direction, dont 66% avaient purement boycotté le vote, que celle-ci reculait. C’était donc de cette manière encore qu’il aurait peut-être été possible de faire reculer la direction et obtenir de nouvelles avancées.

Malgré tous nos efforts, il a été impossible d’obtenir une même position de la part de la section CGT pourtant majoritaire (51%) sur le CDIS. Une partie de sa direction, prenant argument des menaces de la direction (qui existaient déjà avant le premier scrutin) de restructuration plus dure, a refusé qu’un nouveau tract sorte et n’a finalement pas donné de consigne de vote, laissant ainsi les facteurs seuls face aux attaques de la direction. Nous avons néanmoins sorti un tract de la Gauche révolutionnaire appelant à ne pas céder face à la réorganisation.

L’issue du second scrutin était sans surprise voyant le scénario ressemblant le plus à l’ancienne organisation l’emporter largement. Une occasion a été ratée de continuer à renforcer l’opposition à la direction avant les grandes restructurations à venir. Cette faiblesse doit être corrigée. Le premier rôle d’une organisation syndicale n’est pas de « sortir de la crise » avec la direction, mais de réfléchir à la meilleure façon de faire gagner les revendications des travailleurs. Les scénarios proposés par la direction ne comportent ni une amélioration des conditions de travail, ni une amélioration du service public. C’est seulement une volonté de rentabilité qui les anime. Il n’y a donc aucun lieu de les accepter.

Depuis le 3 janvier, les facteurs de Rouen CDIS vivent au rythme de cette nouvelle organisation : prise de service à 6h30 au lieu de 6h00… fin de service à13h04 au lieu de 12h48, 3 jours de RTT toutes les 4 semaines au lieu de 3 jours de DHT toutes les 3 semaines. La différence entre la RTT et la DHT : il est impossible de récupérer de la RTT si elle tombe pendant une période de maladie ou durant des vacances. Pour un facteur en bonne santé c’est une dizaine de jours de repos en moins dans l’année. Pour un facteur en longue maladie c’est toujours ça de gagné pour la boite !

Et comme par hasard, après les vœux cyniques des différents cadres, depuis le 3 janvier, le trafic a largement augmenté. Quand le facteur triait quinze minutes en 2004, il trie maintenant vingt cinq minutes et il y a des restes ! Comme quoi l’essentiel pour la direction n’était pas une réorganisation de la distribution mais bel et bien la suppression des positions de travail.

Il y a de fortes chance pour qu’une nouvelle réorganisation survienne en 2006. D’ici là il faudra que la section locale de la CGT se soit renforcée pour avoir les moyens de contrer les attaques de la direction. C’est dans ce sens que les militants de la Gauche révolutionnaire interviennent.

Par Sylvain bled, postier