FN : Affrontements entre rapaces

2048x1536-fit_louis-aliot-florian-philippot-dos-marine-pen-parlement-europeen-decembre-2015Les lendemains de défaite à la présidentielle sont tendus au sein du FN. Ayant tout misé sur la candidature de Marine Le Pen (qui n’aura servi qu’à faciliter l’élection de Macron), les cadres du parti avaient masqué leurs divergences politiques. Elles ressortent plus violemment. Le FN a fait beaucoup moins bien que lors des scrutins des années précédentes. Même s’il a gardé un score élevé, principalement grâce au vote dans les campagnes, il a largement reculé dans les villes ouvrières. Le FN ne devait sa réussite électorale qu’à l’absence d’une opposition réellement combative à la gauche du PS et tournée vers les travailleurs, les jeunes et les milieux populaires. Article publié dans l’Egalité 185

Car le programme du FN, c’est d’utiliser la colère de couches populaires en la détournant. Les causes sociales (chômage, appauvrissement d’une partie de la population) sont dues au capitalisme et sa dictature du profit mais le FN s’en sert pour diriger la colère vers d’autres victimes : les migrants, les musulmans, etc. Dès qu’un début de force politique combative dénonce réellement les responsables, depuis Hollande jusqu’aux grands groupes capitalistes, le masque du FN tombe : ils sont incapables de s’opposer à un système avec lequel ils sont d’accord ! Ce parti est avant tout une formation électorale, aire d’accueil d’innombrables carriéristes (tous les dirigeants du FN ont aujourd’hui deux mandats d’élus). Ayant peu de vrais militants, il est incapable d’agir.

En route pour l’exlosion ?

Comme nous l’avons écrit plusieurs fois, l’échec prévisible de Le Pen allait entraîner la réapparition des oppositions internes. D’un côté les tenants d’une ligne fascisante classique, comme Marion Maréchal Le Pen, (combinant racisme et ultralibéralisme économique) et de l’autre les défenseurs de ce qui fournissait plus ou moins la ligne officielle du FN ces dernières années, un programme de type « néo-gaulliste » (refus de l’euro, accompagnement du capitalisme avec des éléments de régulation économique et sociale mais sans s’attaquer à la dictature du profit) défendu par Florian Philippot.

Dans la pratique, impossible de savoir si le FN était finalement pour sortir de l’UE ou de l’euro mais qu’importe, il fallait maintenir un discours social pour continuer la percée électorale. Marine Le Pen naviguait à vue entre ces deux courants. Du fait du retrait de Marion Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen a un coupable à poignarder, Philippot, pour tenter de dévier les attaques qui se multiplient contre elle.

La crise du FN va être durable et peut mener à son explosion. Du moins, s’il se construit une réelle force politique de masse en opposition à la politique de Macron, ce que la France insoumise peut réussir.

Par Alex Rouillard