Energizer a dû en partie céder

La grève des travailleurs d’Energizer de Caudebec les Elbeuf vient de se terminer. Le site sera fermé mais une lutte rudement menée a permis d’améliorer nettement le plan « social ».

Article paru dans l’Egalité n°119

Le 15 décembre la direction d’Energizer, après 334 licenciements en 1998, annonce la fermeture du site et laisse 133 salariés sur le carreau, malgré 268 millions de dollars de bénéfices pour 2005 et une progression de 7%. C’est une catastrophe pour les salariés avec une moyenne d’âge de 51 ans et dont 73% a plus de 30 ans d’ancienneté. En échange, un plan social minimum.

Rapidement les travailleurs ont vu l’intérêt de lutter, et l’ont fait de façon exemplaire. Sans attendre l’annonce officielle une AG a été convoquée pour mobiliser sans attendre. Un comité de lutte regroupant syndiqués et non syndiqués s’est très vite reconstitué, et les décisions se sont prises en AG, tirant l’expérience de la grève de 98. Les salariés ont multiplié les initiatives et ont eu le souci de regrouper des entreprises touchées par les licenciements, nombreuses dans cette région, pour partager leur expérience et donner aux autres le courage de se battre. Ils ont aussi attaqué là où ça fait le plus mal, en auto-limitant la production de 50% tout en gardant leurs salaires puis ont suivi six jours de grève avec un piquet pour bloquer totalement la production.

Au final, c’est huit mois supplémentaires de salaire en congés de reclassement, une indemnité additionnelle qui a doublé (30000 euros), 10 pré-retraites, 6 mesures spécifiques et 32 mesures d’âge avec maintien de 92 ou 97% du salaire dès 54 ans jusqu’à 65. Cette victoire montre les limites imposées par le capitalisme. L’emploi n’a pu être maintenu, et la production sera délocalisée vers la Suisse et les USA pour que les actionnaires engrangent plus de profits. Le combat contre les licenciements doit se combiner au combat pour une société socialiste débarrassée de la loi du profit qui seule pourra garantir un emploi décent avec un vrai salaire pour tous et toutes !

Par Luc de Chivré