En lutte pour le droit à l’éducation

Le 28 septembre les syndicats de l’éducation appellent à une première journée de grève nationale. Les raisons de la colère sont multiples.

Article paru dans l’Egalité n°121

C’est la suppression annoncée de 7000 postes d’enseignants, soit plus du double des suppressions qui pourraient correspondre à la baisse des effectifs. C’est le recours massif au personnel précaire : assistants pédagogiques, CAE, EVS. Autant de contrats sans aucune formation et à temps partiel qui se limitent le plus souvent à la durée de l’année scolaire. Tout ça ne peut pas faire oublier que la loi d’orientation se met aussi en place, que le socle commun qui va limiter d’emblée au minimum les ambitions de nombreux jeunes principalement issus des couches sociales les plus défavorisées va s’appliquer et permettre de trier les «bons» et les «mauvais» élèves en individualisant l’enseignement et en le limitant aux enfants peu scolaires. Quoi de mieux pour reproduire les inégalités sociales, si ce n’est bien sûr l’apprentissage junior qui fera sortir plus de 30000 jeunes du système scolaire avant l’âge de 16 ans.

Pourtant, l’an dernier, le front syndical était déjà uni contre ces évolutions et le gouvernement mis en difficulté par les grèves massives contre le CPE. Mais l’apprentissage junior s’est mis en place, et les collèges «ambition réussite» qui vont laisser des quartiers défavorisés sans espoir et d’autres s’enfoncer encore plus dans la difficulté, sont mis en place. La position de force que les jeunes et les travailleurs avaient créé lors de la lutte anti-CPE n’a pas été utilisée par les différents syndicats, alors que de nombreux lycéens étaient en grève et que les enseignants participaient activement aux fortes journées de mobilisation. Jamais les directions syndicales n’ont fait le lien entre la lutte pour l’emploi des jeunes, celle pour leur éducation et leur formation alors que des appels avaient été lancés par des coordinations étudiantes et que l’ensemble des travailleurs exprimait son ras le bol. Les directions syndicales unies ont, au contraire, privilégié la stratégie de l’attente pour lancer un très hypothétique mouvement de l’éducation nationale seule, qui n’est jamais venu.

L’intersyndicale relance l’offensive sur les questions de l’éducation, dès la rentrée, pour profiter de «l’élan de la lutte anti-CPE». La grève du 28 septembre doit être une réussite et impliquer aussi les parents et les jeunes car les réformes doivent être contrées et il faut imposer un tout autre système éducatif. Mais la tactique syndicale doit être différente. La réussite de la lutte anti-CPE n’impulsera un élan aux jeunes et aux travailleurs que si le mouvement de l’éducation nationale sort de son habituel isolement et place les questions du service public et du système éducatif au cœur de la lutte. Il est important de s’organiser rapidement, parents, jeunes et personnels de l’Education, pour débattre des choix de lutte et pousser les directions syndicales à étendre le conflit qui débute à d’autres secteurs professionnels.

Par Luc de Chivré