Les récentes attaques sur les prisons, a priori liées aux réseaux mafieux de trafic, ont mis en lumière la situation catastrophique dans le système pénitentiaire du pays. Les prisons sont plus que remplies : pour 62 539 places, on compte 82 152 détenus, dont plus de 4 500 contraints de dormir sur un matelas posé à même le sol.
La France a plusieurs fois été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour ses conditions de détention. Le Comité européen pour la prévention de la torture a rendu un rapport dénonçant les conditions de détention en Guadeloupe et en Guyane, « pouvant s’apparenter à un traitement inhumain et dégradant » ! L’attitude coloniale de l’État français se voit d’autant plus dans ces lieux qui sont censés être les seuls à « priver de libertés ».
Prison ferme mais pas trop
Mais la justice n’est pas tout à fait la même pour tous. Parmi les détenus, on compte 17 578 personnes non-détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur. Pour les Le Pen, Sarkozy ou les crapules de Balkany et autres, on constate que leur prison ferme se mue en bracelet électronique… alors que tous ces gens sont de fervents défenseurs de la prison ferme. Une ferveur à deux vitesses !

Macron-Darmanin : la politique du pire
Et Darmanin enfonce encore le clou. Il propose d’interdire les activités ludiques en prison, qui pourtant préviennent la dépression et les tensions, favorisent la sociabilisation et la réinsertion… ou encore de faire payer les détenus, alors que 70 % d’entre eux sont en situation de pauvreté, et que les condamnations sont déjà assorties d’amendes. Cerise sur le gâteau, il parle d’augmenter le taux d’emploi dans les prisons à 50 % contre environ 30 % actuellement. Tiens, tiens, ne serait-il pas question d’offrir une main d’œuvre surexploitée au patronat ?
Le gouvernement a coupé les budgets de tous les services publics, sauf l’armée et les prisons. De 1,7 milliards en 2005, on est à 5,24 milliards en 2025. Pourtant, la situation est toujours pire. Et le sous-effectif des agents pénitentiaires, dénoncé très souvent par les syndicats, ne fait qu’augmenter la pression et la violence. Concernant le « plan prisons » de Darmanin, la CGT-Pénitentiaire Guadeloupe explique : « Construire plus de prisons ne réglera pas le problème. Les nouveaux sites sont déjà saturés et cela aggravera le manque de personnel ». En effet, le but de la classe dirigeante et ses représentants au gouvernement n’est pas de résoudre les problèmes. Il s’agit surtout là de fournir un marché pour construire des prisons à Bouygues et autres.
Résoudre les problèmes
Ça suffit d’enfermer les gens, parce que ça ne résout jamais aucun problème. Le système pénitentiaire actuel prépare surtout le terrain pour le pire, en enfonçant les gens avec ces conditions inhumaines. Avant incarcération, seule la moitié des gens avaient un travail et plus d’un tiers un hébergement précaire. La criminalité progresse surtout à mesure que la société devient de plus en plus antisociale : que les travailleurs sont précarisés, que le chômage augmente et les salaires baissent, que les services publics sont cassés pour les profits des capitalistes.
Nous défendons au contraire qu’il faut aller vers une justice qui viserait à transformer les personnes, une justice réparatrice. Cela nécessite pour les condamnés un suivi adapté : éducatif, psychologique, de droit, confrontation aux victimes… et des services publics pour satisfaire ces besoins, des hôpitaux psychiatriques, des équipes de médiateurs locaux dans les villes et les quartiers pour que les habitants puissent traiter une partie des problèmes eux-mêmes, et tout cela permettrait la création massive d’emplois publics, socialement utiles, un salaire décent pour toutes et tous, permettant de s’attaquer aux causes de la précarité, de la violence et de la criminalité : la dictature du profit qu’est le système capitaliste.
Par Cécile Rimboud, article paru en version courte dans l’Égalité n°228