Collège pour tous ou collège élitiste : Lang a choisi !

Le collège unique date des années 75. A l’origine, il avait pour mission de permettre au plus grand nombre d’accéder à une éducation gratuite et de qualité et d’être un tremplin vers la poursuite d’études secondaires.

Article paru dans l’Egalité n°87

Le système a subi de nombreuses réformes (qui pour un certain nombre n’ont pas abouti). Les problèmes posés aujourd’hui aux personnels d’éducation sont à la fois d’ordre pédagogique et structurel. Les réponses de notre cher ministre sont, une fois de plus à côté de la plaque.

L’orientation générale du texte présenté le 5 Avril par Jack Lang, ministre de l’Education, intitulé « pour un collège républicain », laisse présager le pire. Le principal dispositif de cette réforme, ce sont les fameux « itinéraires de découverte » instaurés en 5e et 4e. Sous couvert de répondre à l’échec scolaire, à la démotivation de certains collégiens et aux problèmes d’orientation, le ministre introduit insidieusement une filiarisation au collège. Ces « itinéraires » s’articulent autour de 4 thèmes : découverte de la nature et du corps humain, découverte des arts et des humanités, découverte des langues et des civilisations, initiation à la découverte et aux techniques. Il ne faut pas être ministre de l’Education pour comprendre que ces thèmes reprennent ceux des filières du lycée( littéraire, économique et social, scientifique, et technique). Lorsque l’on sait qu’à cela s’ajoutent 2 séjours en entreprises par an d’une durée totale de 11 à 12 semaines, l’objectif du ministère devient clair : pousser le maximum d’élèves vers des filières professionnelles et techniques (sans, bien sûr en donner les moyens humains et matériels). Ce n’est pas comme cela que l’on redonnera une image plus positive des filières professionnelles, fort dépréciées tant par les professeurs des enseignements généraux que par les parents, car longtemps réservés aux « élèves difficiles » ou « en difficulté scolaire ». La réforme de Lang ne fait que valider cette opinion, la professionnalisation est présentée comme le seul remède à l’échec scolaire. A terme cette logique va faire du collège la voie d’excellence vers les filières générales plus « nobles ».

Ajouté à cela la multiplication des évaluations à l’entrée de la 6e, de la 5e, une épreuve anticipée du Brevet en 4e, le Brevet devenant le « Bac du collège ». Le ministre considère que ce nouveau Brevet « sera un élément décisif au moment de la décision du conseil de classe pour la poursuite d’études en classe de 2nde générale, technologique et professionnelle ». c’est donc un élément de sélection supplémentaire, qui servira à diriger les « mauvais élèves » vers les voies professionnelles et technologiques. De plus une telle multiplication des évaluations alliée à une plus grande autonomie financière et pédagogique des collèges aboutira à une concurrence entre les établissements qui, pour attirer les financements publics mais surtout privés, chercheront à se débarrasser des élèves qui font baisser leur taux de réussite. Tout cela n’est pas de la fiction, ce système existe déjà en Angleterre, et fait des dégâts considérables chez des élèves encore jeunes et fragiles. Sans compter l’attaque que cette réforme constitue à l’encontre du service public d’éducation.

Une fois de plus les causes socio-économiques de l’échec scolaire ne sont pas abordées. Rien d’étonnant de la part d’un gouvernement qui ne fait qu’accompagner le libéralisme voulu par les patrons. En transformant le système éducatif de la maternelle à l’université en une usine à fabriquer des petits ouvriers allégés en matière grise bien dociles et à la solde des patrons, tout en assurant par plus de sélection la reproduction d’une élite, le gouvernement ne fait que rajouter une pierre à son édifice antisocial et pro-patronal.

On ne peut pas attendre de réaction forte des directions syndicales qui ont montré leur incapacité et leur trahison à maintes reprises. Tous les syndicats approuvent les orientations de cette réforme et ne lèveront pas le petit doigt pour qu’émerge un mouvement de masse : ne comptons que sur nos luttes ! Dès aujourd’hui la riposte doit se préparer vers un mouvement d’ensemble de l’éducation nationale : professeurs, personnels IATOSS, parents et élèves doivent s’unir pour dire :
Non à l’éducation à 2 vitesses ! Non à la privatisation de l’éducation ! Non à ce gouvernement pourri !

Par Virginie Prégny