Après Laeken : quelles perspectives pour le mouvement antimondialiste ?

Malgré le silence médiatique qui a entouré en France les manifestations de Bruxelles des 13, 14 et 15 Décembre 2001, environ 100 000 personnes se sont déplacées pour contester l’Europe des patrons et du capital.

Article paru dans l’Egalité n°93

Ces manifestations ont certainement marqué une tournant dans le mouvement anti-mondialisation, de par la massivité des cortèges syndicaux mais aussi de par la faiblesse des mots d’ordres qui revendiquaient pour la plupart « Un autre monde ». Cette manifestation marque aussi un premier pas de taille pour Résistance Internationale puisque nous étions environ 500 à manifester et à participer à la conférence de lancement de RI au niveau international (voir article ci-dessous).

Lors de la manifestation syndicale du 13 de nombreux représentants d’entreprises en lutte, pour la plupart contre les plans de licenciements massifs étaient présents. Pour que cette présence représente un vrai pas en avant pour les luttes, il aurait fallu que les syndicats appellent de façon unitaire aux deux manifestations ainsi qu’à une journée de grève interprofessionnelle. Un tel mot d’ordre aurait permis de faire le lien entre la lutte des travailleurs de la Sabena par exemple et les travailleurs des services publics. Une grève le jour du sommet aurait en outre permis de donner corps à un vrai rapport de force contre les gouvernements et les patrons. Les prochaines mobilisations contre l’Union Européenne se tiendront en Espagne. Cette échéance doit être reprise par le mouvement anti-mondialisation, dans la mesure où l’Espagne connaît d’importantes luttes étudiantes. Dans un contexte de lutte, la mobilisation contre les sommets pourra donc prendre une dimension plus offensive et peut être éviter de répéter les faiblesses des autres manifestations.

Ce mois-ci se tiendra le deuxième forum social de Porto Allegre au Brésil, auquel assisteront des militants brésiliens du CIO. Les ambitions de ce forum sont peu ou prou les même que celui de 2001 : se battre  » pour la souveraineté des peuples et un monde juste « . Tant que ces réunions ne se donneront pas pour objectif de réfléchir à un programme offensif et efficace pour le mouvement anti-mondialisation elles resteront sans lendemain. L’heure est à la construction d’un mouvement anti-mondialisation qui s’attaque aux causes même de la misère et de l’oppression et non pas seulement à ses conséquences. Ce qui manque au mouvement anti-mondialisation c’est une définition claire du monde que l’on veut construire ainsi qu’une compréhension des mécanismes du capitalisme, qui mènent aux guerres, à la misère, à l’analphabétisme ou au racisme.

Quel programme pour le mouvement anti-mondialisation ?

Nous ne pensons pas que le capitalisme puisse avoir un jour « un visage humain ». La mondialisation n’est pas juste un effet secondaire du capitalisme, c’est son développement logique. Le capitalisme est un système économique fondé sur la division de la société en classe, la classe dirigeante exploite la classe ouvrière pour satisfaire ses besoins économiques et maintenir sa domination. Les réformes et les acquis consentis ne le sont que lorsque le rapport de force les y oblige et non par bonté d’âme. On voit tous les jours que les acquis des périodes antérieures sont toujours attaqués (éducation, santé, retraite, sécurité sociale, conditions de travail). C’est pourquoi nous nous battrons toujours pour gagner des avancées sociales, mais nous ne devons pas nous faire d’illusion quant à la durée de ces acquis, ni quant à la façon de les gagner. Ce n’est que par des luttes démocratiques et indépendantes des classes dirigeantes et sans compromission que nous serons être victorieux.

Nous avons aussi fait l’expérience de la façon dont les classes dirigeantes sont prêtes à résister à tout volonté de réduire leur pouvoir, nous l’avons vu à Gênes et plus récemment à Bruxelles. l’émotion suscitée par les attentats du 11 Septembre a été l’occasion pour les classes dirigeantes de durcir les lois répressives des états et de réduire les libertés démocratiques, faisant un amalgame entre luttes sociales et terrorisme.

La seule manière de réellement s’opposer à la dictature du fric est de construire des mobilisations qui rassemblent les jeunes, les travailleurs, les chômeurs et tous les laissé pour compte du système capitaliste. Pour cela il faut associer les syndicats aux mobilisations anti-mondialisation, car se sont les travailleurs qui créent les richesses ils ont donc les moyens collectivement de s’en prendre aux bases économiques du système capitaliste.

Nous nous battons aussi pour que la mouvement anti-mondialisation défende une alternative viable au capitalisme. Il ne suffit pas de dire qu’ « un autre monde est possible », il faut le définir. Résistance Internationale défend un programme de lutte pour une société dans laquelle l’économie sera au service de la population. Une telle société fonctionnera de manière démocratique, c’est à dire que les jeunes et les travailleurs contrôleront réellement les richesses qu’ils produiront pour le bénéfice de tous et non pour engraisser une minorité. Ce système c’est le socialisme, et jusqu’à aujourd’hui c’est le seul qui propose une vraie alternative au capitalisme.

Par Virginie Prégny