Turquie: quelles attentes du congrès du HDP?

Nous gouvernerons ce pays et nous sommes venus pour le gouverner » : c’était le message de Pervin Buldan, élue co-présidente du HDP (parti démocratique des peuples) avec Mithat Sancar lors du 4ème congrès du parti qui s’est tenu le 23 février dernier. Les messages lancés lors du Congrès prônaient la paix, le retour à la démocratie, l’espoir, l’union contre le fascisme etc… Or, ces messages sont aussi significatifs du changement du HDP qui devient de plus en plus le parti des « droits de l’homme » ou encore le parti des Kurdes. Pourtant en 2015, le HDP était le parti qui ralliait les couches les plus larges contre la dérive autoritaire en Turquie.
Évidemment, cet affaiblissement politique est dû à la violente répression que subit le parti. En effet, ses secrétaires et membres sont tous emprisonnés, encore le 4 juin, deux députés du HDP (Leyla Güven et Musa Farisogullari) ont été révoqués et mis en détention. De même, depuis les élections législatives de mars 2019, 51 des 65 maires HDP élus ont été révoqués et des administrateurs pro-AKP ont été placés.
Cependant, le HDP est le seul parti « alternatif » en Turquie face à une opposition quasi inexistante. Le HDP a les capacités humaines pour faire avancer les masses puisque son Congrès a rassemblé des dizaines de milliers de personnes. De même, la crise économique qui sévit dans le pays et amplifiée avec la crise sanitaire du Covid-19, peut être un tournant politique. L’après-confinement peut faire éclater une lutte à tout moment, le HDP doit être prêt à prendre la tête dans ce type de mouvement… Toutes ces tensions économiques ont appauvri le peuple, des luttes ouvrières ont lieu de manière anarchique dans tout le pays et le HDP doit pouvoir être le parti des travailleurs pour lutter efficacement contre Erdoğan et sa dictature pro-capitaliste.

Nazim