Turquie : Lutte des étudiants et des travailleurs contre la vie chère

Suite au krach de la livre turque, qui a perdu 10% de sa valeur ce mardi 23 novembre, et 40% depuis le début de l’année, la population est en lutte dans les rues d’Ankara et d’Istanbul contre la vie chère.

Depuis plusieurs semaines, l’économie turque est en proie à une dévaluation importante de la monnaie à cause de la politique d’Erdogan basée sur la réduction des taux d’intérêt. Cette situation se répercute sur le marché par une inflation constante de 20% (sur l’année) et impacte sévèrement le niveau de vie de la population. Inquiète de l’inflation, la population se rue dans les supermarchés pour acheter massivement les aliments de première nécessité avant la prochaine augmentation.

Suite à cela, plusieurs partis et organisations/collectifs politiques (TKP, TIP, SYKP, Ogrenci Kolektifleri, mouvement Barinamiyoruz) ont lancé des appels au rassemblement contre la vie chère, contre l’inflation, pour la démission du gouvernement et d’Erdogan. À Ankara et Istanbul, le peuple manifeste accompagné des slogans « AKP dans la tombe, le peuple au pouvoir ». Le mouvement est suivi par les syndicats étudiants et les universitaires, manque à l’appel les principaux intéressés : les syndicats de travailleurs.

Partis et syndicats ouvrier doivent être à la hauteur

Pour que ce mouvement prenne de l’ampleur et se transforme en une révolte de masse, les syndicats doivent absolument reprendre leur rôle et s’adresser aux larges couches de travailleurs afin de les appeler à la lutte et lancer l’appel à une première journée de grève générale, en lien avec les appels à la démission du gouvernement. Les syndicats doivent non seulement exiger la baisse et le blocage des prix, mais aussi constituer des comités de contrôle des prix. Ils doivent également revendiquer la hausse du salaire minimum, l’amélioration des conditions de travail et la baisse du temps de travail, sans perte de salaire, pour embaucher les chômeurs.

Il ne s’agit pas d’attendre la démission d’Erdogan, il s’agit maintenant de combiner la lutte contre la vie chère, le chômage, la répression des droits démocratiques… avec la nécessité de dégager ce gouvernement qui exploite et précarise les étudiants, les travailleurs, les femmes, les immigrés, et qui précarise la population. Pour cela, les partis d’opposition (HDP, TIP, TKP) et les syndicats doivent constituer un front uni et lutter contre l’ensemble de la politique d’Erdogan. Ce front doit s’unir sur toutes les luttes en cours et contribuer à les construire. La lutte pour l’amélioration du pouvoir d’achat n’est pas indépendante de la lutte pour les droits des femmes, la lutte de la population kurde, la lutte des étudiants et universitaires, la lutte pour le logement…

Il est grand temps qu’un parti de masse construise une opposition unie en s’adressant aux jeunes, aux travailleurs et à toutes les personnes qui subissent la politique du gouvernement. Ce parti, qui devra être démocratique, sera un important outil pour lutter contre les multinationales, turques, françaises ou autres, qui pillent les richesses du pays et de la population. Il devra revendiquer la nécessité de nationaliser les principaux secteurs de l’économie et leur gestion démocratique par les travailleurs pour en finir avec le capitalisme et la politique des partis qui le servent (AKP, CHP, MHP). De telles mesures permettront d’avancer vers le socialisme et une gestion démocratique et publique de l’économie, pour en finir avec l’inflation et les mauvaises conditions de vie.

La Gauche Révolutionnaire et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO/CWI) affirment toute leur solidarité et leur soutien aux luttes en cours des étudiants et travailleurs dans toutes les villes de Turquie !

NAZIM