Tunisie : Gabès se soulève contre la pollution et la répression

Des milliers d’habitants de Gabès, ville du Sud tunisien, ont manifesté le 15 octobre pour exiger la fermeture d’un complexe chimique du Groupe chimique tunisien (GCT), responsable de graves pollutions environnementales. Ce site industriel utilise de l’acide sulfurique et de l’ammoniac pour produire des engrais à base de phosphates, rejetant gaz toxiques et déchets radioactifs. En un mois, près de 200 personnes ont été soignées pour des intoxications. Des vidéos d’enfants suffocants, intoxiqués, ont fait le tour des réseaux sociaux.

« On a demandé de l’air propre et on nous a donné de la lacrymo ! »

Face à cette mobilisation populaire, l’État tunisien a répondu par la répression : plus de 100 arrestations, souvent nocturnes, parfois directement au domicile des militants. Les autorités tentent de criminaliser la colère légitime des habitants, en évoquant des “conspirateurs arrosés d’argent étranger”.

Une région en crise et en lutte

Kaïs Saïed promettait en 2017 le démantèlement du site. Il défend en réalité l’industrie polluante comme « pilier fondamental » de l’économie, et prévoit de quintupler la production d’engrais d’ici 2030.

En 2021, la population locale s’était soulevée contre la corruption dans les deux sociétés publiques locales. Le taux de pauvreté dans le gouvernorat de Gafsa était autour de 19 %, selon des données 2020 de la Banque mondiale. Quelques têtes étaient alors tombées avec 12 responsables de la Compagnie des Phosphates de Gafsa poursuivis pour corruption. Mais la loi 38 de 2020, qui devait favoriser l’embauche dans la fonction publique des diplômés au chômage depuis plus de dix années, avait été suspendue. Et la mobilisation avait repris. Le taux de chômage atteint 26 % dans le sud-ouest du pays (la région de Gafsa) et 30 % dans la catégorie des diplômés de l’enseignement supérieur, d’où les espoirs déçus suscités par l’abandon de la loi.

Le soulèvement populaire de 2025 est un cri contre l’impunité de ceux qui polluent sans honte. C’est aussi une révolte contre l’abandon des quartiers populaires qui sont ceux touchés directement par cette pollution.

La lutte écologique est toujours plus une lutte sociale et politique. C’est d’autant plus vrai dans les pays néocoloniaux, ravagés par les dégâts du capitalisme sauvage. Et ce n’est pas Kaïs Saïed, le dirigeant autoritaire et brutal, qui se maintient au pouvoir par un coup de force, qui va vouloir répondre aux exigences de la population.

La Gauche révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale ouvrière (CWI-CIO) affirme son soutien total aux habitants et manifestants de Gabès. Solidarité internationale ! Non à la répression à Gabès ! Assez de la corruption des élites !

Pour une vraie mise en propriété publique et collective des sociétés publiques locales SPG et CPG par le contrôle et la gestion directe des travailleurs eux-mêmes et de leurs organisations, en lien avec la population locale. C’est le seul moyen de prendre les mesures nécessaires pour stopper la pollution, maintenir les emplois, tout en avançant vers une reconversion basée sur les besoins de la population et la protection de l’environnement.

Leur combat est le nôtre : Pour le droit de vivre dans des quartiers vivables et pas sacrifiés ! Assez des profits au détriment de nos vies ! Pour une société socialiste débarrassée de la loi du profit et au service des besoins humains !